La Terrasse
Septembre 2002 · Véronique Hotte
La spectatrice de la Pluie d'été, un soir d'octobre 93 dans un ancien cinéma des années 50 "Le Stella" à Lambézellec dans la banlieue brestoise, se souvient de la présence de l'auteur Marguerite Duras, ravie de voir ainsi mis en scène son livre par un jeune homme de théâtre, Éric Vigner. De la complicité entre la vieille dame indigne — le terme lui aurait plu — et l'admiration du jeune disciple. Dix ans après, la dame s'en est allée.
Vigner, continuant toujours de penser à l'oeuvre romanesque, cinématographique et théâtrale de l'écrivain, crée Savannah Bay à la Comédie-Française. La pièce, selon le metteur en scène, "qui rend le plus explicitement hommage au théâtre : elle y met en scène une femme, une actrice, qui serait comme dépositaire de la mémoire du monde, de son accomplissement".
Comme Duras, Vigner est particulièrement attaché au mot, à sa résonance sonore, émotionnelle et visuelle. Duras créa elle-même Savannah Bay en 83 avec Madeleine Renaud et Bulle Ogier. Vigner a choisi aujourd'hui deux Catherine : la Samie, dépositaire d'une mémoire de théâtre, et la Hiegel, une force combative artistique pour une histoire simple, "la mort de l'enfant et la disparition de l'amour dans la mort, sa dissolution."