Marianne · 30 septembre 2002 · SAVANNAH BAY (Comédie-Française)

Marianne · 30 septembre 2002 · SAVANNAH BAY (Comédie-Française)
Duras fait son entrée à la Comédie-Française
Presse nationale
Avant-papier
Jean-Pierre Léonardini
30 Sep 2002
Marianne
Langue: Français
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Marianne 

30 septembre 2002 · Jean-Pierre Léonardini

Duras fait son entrée à la Comédie-Française

Avec Savannah Bay, dans la mise en scène d'Éric Vigner, Marguerite Duras fait son entrée sur la scène de la Comédie-Française.

Créée en 1982 au Théâtre du Rond-Point par Madeleine Renaud et Bulle Ogier, la pièce met en jeu deux femmes, l'une âgée, l'autre pas. Cette fois, il s'agit de Catherine Samie et Catherine Hiegel. Le décor évoque un parc stylisé, avec la sobre silhouette d'un grand arbre, deux rideaux de perles brillantes, des fauteuils en rotin. Le dialogue n'en est pas vraiment un.

L'une, vieille comédienne, a des trous dans la mémoire. Elle se souvient, ou non, par bribes, au fur et à mesure que l'autre la sollicite. La parole avance à tâtons, dans une incertitude permanente. Les réponses de l'aînée se font de biais. L'autre - ce pourrait être sa fille, - insiste, lui tourne autour, comme pour faire avouer un secret, d'autant plus violent que sans cesse masqué, pour ainsi dire sciemment dérobé. Il est question d'une enfant morte, d'un homme jadis aimé, de succès remportés sur les planches, de voyages ici et là, de l'Asie, terre d'enfance de Duras.

L'écriture en énigme, de facture musicale, est parfaitement modulée par les deux interprètes. Pas de réplique, au fond. Chacune est plus ou moins perméable à la pluie verbale de l'autre. Des silences de l'échange est censée sourdre timidement une vérité improbable, incertaine et fuyante comme l'eau de la rivière du temps, dans laquelle on ne peut deux fois se baigner.