Campus Magazine
Décembre 2002
SAVANNAH BAY DE MARGUERITE DURAS
Sur un fond d'or se détache une actrice, Catherine Hiegel, (la Vie est un long fleuve tranquille, Les Bonnes...), elle joue une pièce de Marguerite Duras. Autant dire qu'elle joue la Vie. Puis apparaît Catherine Samie, la vieille femme, dépositaire des mots de l'histoire. Déclamée ou murmurée, la prose de Duras reste dure, translucide, et vive comme une rivière. Comme des pleurs ou comme des rires.
Les émotions sont là, à l'état brut, parmi les embruns à ne faire qu' "un" avec l'univers balnéaire. D'ailleurs, c'est dans la Nature que les deux femmes parlent de nature humaine. SaVannah Bay est le nom de cet endroit où une tragédie s'est produite. Ce sont les bruits, les couleurs, les odeurs et les douces étoffes qui parlent. Ils tissent les liens qui unissent les personnes entre elles. Ce sont les choses voluptueuses qui finissent par dévoiler l'étendue de la peine immatérielle. Connaître l'humain par les sens. Connaître les sens à la vie. Contenir l'essence de la vie. Les thèmes philosophiques retiennent l'attention dans cette pièce, même si on se laisse volontiers emporter par la sensualité. Entrée au répertoire de la Comédie-Française, cette oeuvre consacre Marguerite Duras comme l'une des auteures les plus importantes de notre époque.