La Dépêche
31 janvier 2007 · Jean-Luc Martinez
Un amour, deux DURAS
Après sa création en Avignon, Pluie d'été à Hiroshima s'installe au TNT.
Sous les voûtes célestes du cloître des Carmes d'Avignon, l'écriture de Marguerite Duras résonne avec humour et insolence. Aucune dimension religieuse ne semble émaner des deux oeuvres qui questionnent cependant autant sur l'homme que sur Dieu. Pluie d'été à Hiroshima apparaît comme un diptyque dans lequel se superposent La Pluie d'été, le dernier ouvrage de l'écrivain disparu depuis dix ans, et Hiroshima, mon amour, un scénario de film adapté à l'écran par Alain Resnais en 1959.
"Marguerite Duras avait aimé ma première mise en scène de La Pluie d'été et elle m'a demandé ce qui me ferait plaisir, ce qui voulait dire en langage durassien : que veux-tu que je te donne?", raconte ÉRIC VIGNER. "J'ai donc obtenu les droits de Hiroshima, mon amour, que j'ai essayé de monter pendant dix ans sans y parvenir. Je n'arrivais pas à faire résonner seule cette histoire. L'idée m'est venue de l'associer à ma première création de La Pluie d'été, tout en trouvant un langage nouveau pour parler de cette écrittire contemporaine".
Dans sa mise en espace du texte, ÉRIC VIGNER utilise les comédiens comme des traits d'union entre les deux oeuvres. Toutefois, chaque pièce pourrait se suffire à elle-même, sans augmenter considérablement la durée de la représentation. Trois heures de spectacle portées néanmoins par une scénographie ludique, profonde et verticale qui fait apparaître et disparaître les acteurs sous terre, alors que des panneaux mouvants envahissent la scène qui se dessine en arabesques. Un esthétisme construit qui n'est pas sans rappeler le rythme de la prose de Duras.