Le Nouvel Observateur
1 décembre 1994
Du haut de son 1,90 mètre et pesant son quintal, il s'impose, Bruno Raffaelli !
Le soleil enchanteur entre Avignon et Aix a été propice à sa stature et les rythmes des festivals lui ont donné la passion du théàtre. Un théàtre fondé sur l'amitié (Philippe Caubére, Maxime Lombard), un esprit de troupe qui s'amuse, et un tremplin : le Jeune Théàtre national réservé aux espoirs sortis du Conservatoire. Bruno s'y frotte aux Rosner, MiqueL, Romans, rejoint plus tard Jérôme Savary et sa joyeuse bande du Magic Circus. Depuis, on l'a acclamé dans Carton plein de Valletti et Comment va le monde, Monsieur... de Billetdoux.
Avide de dire les mots d'auteur, le voici dirigé par Eric Vigner, ce jeune homme méticuleux qui ne cesse de monter », dans Reviens à toi (encore) de Gregory MotTon (à l'Odéon jusqu'au 16). Une allégorie entre parenthèses (entre rêve et réalité) pour trois troublants personnages, une trinité à résonance biblique.
Plongé dans l'univers de la déchéance, Bruno incarne Abe, l'homme archétype, père des peuples. Au bord du gouffre, et en caleçon, Abe n'a plus rien, sauf sa barbe. Mais ne pleurez pas sur Bruno Raffaelli : il marche à pas de géant, simplement content vers la Comédie-Française, où il vient d'être nommé pensionnaire. Pour jouer Intrigue et amour de Schiller, adaptée et mise en scène par Marcel Bluwal.