L'Événement du Jeudi
23 avril 1992 · emanuelle klausner
L'année dernière, avec son premier spectacle (la Maison d'os de Roland Dubillard), Éric Vigner avait immédiatement gagné le firmament des jeunes valeurs de la mise en scène. Cette année, il nous entraîne à la guerre (de 1914 au Golfe), celle des souvenirs de famille et des images transmises, dont il laisse le soin à un certain nombre de textes de cerner l'horreur, les rituels et les postures. De ces écrits non théâtraux, Éric Vigner fait sourdre le plain-chant du théâtre. Un vaste plateau de bois s'allume çà et là de poésie visionnaire. Les comédiens semblent à la fois les soldats de plomb et les enfants qui les manipulent, bougeant sur l'écorce du monde. Et c'est beau.