Le Progrès Lyon Matin
3 février 1994 · J. PH. M.
Rafraîchissante Pluie d'été
Les six jeunes comédiens paraissent, un livre à la main : LA pluie d'été commence comme une lecture. Mais par une progression habile le livre s'efface devant le spectacle. Un spectacle qui respecte l'écriture polymorphe de Duras, qui slalome entre le récit, le dialogue, le scénario. Et l'illustre par des images scéniques marquées par l'originalité et la fraîcheur. Originalité et fraîcheur, c'est ce qui convient le mieux à cette sorte de conte de fées sur fond de banlieue parisienne, qui n'est peut être pas du meilleur Duras, mais qui est du Duras pleinement avec une succession de formules merveilleuses et d'afféteries dérisoires. C'est tout l'intérêt du travail d'Éric Vigner que de mettre en valeur une force comique, qui n'est pas la première idée qu'un vain peuple se fait du plus fameux écrivain français vivant(e). C'est aussi toute la qualité des six jeunes comédiens issus du Conservatoire national, qui mettent leur enthousiasme et un talent prometteur au service d'un projet auquel on ne saurait reprocher que sa longueur : un conte de fées de deux heures trente, tout de même, Duras n'est pas Shakespeare !