L'Événement du Jeudi
9 décembre 1993 · B. S.
Il y a sur le plateau des cailloux gris et blancs qui dessinent des gués. Il y a dans la salle des sièges masqués de papier blanc. Il y a des comédiens qui arrivent et regardent les spectateurs, comme si on n'était pas au théâtre. De fait: on est avec Marguerite Duras.
Dans la Pluie d'été, ce livre que les comédiens vont à la fois lire et jouer, selon les moments. De Vitry, "l'endroit le moins littéraire que l'on puisse trouver", Marguerite Duras fait une banlieue rêveuse et rêvée. L'endroit où, autour d'une famille hors les lois sociales, l'écrivain peut jouer avec les mots comme on saute sur les pierres d'un gué, parlant de l'existence et du temps, de l'école et de Dieu, de voyages et d'orages.
Éric Vigner, le metteur en scène, a eu raison de suivre au plus près le fil du livre. Il restitue ainsi ce que Marguerite Duras génère: un sentiment qui va en boucle de l'admiration (quand M.D. décrit sans raisonner) au rejet (quand M.D. verse dans l'angélisme explicatif). On salue les comédiens: Hélène Babu, Marilu Bisciglia, Anne Coesens, Thierry Collet, Philippe Métro, Jean-Baptiste Sastre.