Le Monde Aden
28 avril 2004
Une lyre en marbre avec des cordes de bronze. Elle pèse mort. Félix Enne, poète de son état, en est bien encombré. C'est une récompense censée l'honorer, en faire un grand homme. D'ailleurs,
un reporter s'accroche à ses basques. On ne sait pas très bien si tout cela se passe dans sa tête. Car l'ensemble baigne dans une irréalité qui touche à l'absurde. On commande même au poète, aussi sculpteur, une réplique de la fontaine de Médicis qui se trouve au jardin du Luxembourg. Cette réplique devant remplacer l'original. Félix s'égare, se parle à lui-même en stéréo. Il a toujours un verre d'eau à la main.
"C'est une pièce sur l'eau qui coule comme la vie", écrit mystérieusement Roland Dubillard à propos d'"... Où boivent les vaches.". La vie comme flux et l'inspiration sont ici menacées par la mort, le marbre, par tout ce qui fige."J'eus soif et ne pus boire", écrivait Rimbaud. Le titre cette pièce est aussi une citation de Rimbaud. Fantaisiste à souhait, la mise en scène d'éric Vigner est menée tambour battant mais manque parfois de respiration.