Le Télégramme
15 octobre 2002 · Guy Pellen
Vigner dans les pas de DURAS
ÉRIC VIGNER, directeur du Centre dramatique de Bretagne à Lorient depuis 1995, revient à Brest avec une pièce adaptée par MARGUERITE DURAS, La bête dans la jungle. Le jeune metteur en scène a déjà créé, en 1992, à Brest, Le régiment de Sambre et Meuse, inspiré de Courteline et Alphonse Allais, La pluie d'été de MARGUERITE DURAS et le Quartz avait accueilli, en 1999, sa mise en scène de Marion De lorme, de Victor Hugo.
Choc fondamental
La bête dans la jungle se situe dans la continuité de son travail sur la Pluie d'été : "La rencontre avec l'écriture de MARGUERITE DURAS a été un choc très grand, fondamental, a expliqué ÉRIC VIGNER, hier après-midi, aux élèves du lycée de l'Iroise, qui ont choisi l'option théâtre, assurée par Anne Coadour, et aux abonnés du Quartz. C'est une source inépuisable. On peut détester MARGUERITE DURAS, ou l'adorer, mais il est difficile d'être entre les deux." L'homme de théâtre trouve de l'absolu chez l'écrivain (Dieu, l'amour, la mort...), et une philosophie orientale ouverte, constatant tout de même qu'"elle n'est pas très bien comprise."
Sens des images
ÉRIC VIGNER, après un passage pessimiste; avait envie de faire des choses belles, fortes, intimes. Il avait mis en scène Marion De lorme à une époque où il "ne croyait plus qu'un artiste qui travaille dans l'institution puisse produire une oeuvre d'art. La pièce a été mal perçue et a suscité des réactions très violentes." Il a ensuite voulu partir de zéro et refaire le monde avec L'école des femmes. Aujourd'hui, ce plasticien de formation se préoccupe du sens que véhiculent les images. Il propose un livre d'images dans La bête de la jungle, où il y a tant d'images que l'on ne peut choisir.
Jutta Johanna Weiss, jeune actrice d'origine autrichienne, désormais associée au Centre dramatique de Bretagne, théâtre de Lorient, et Jean-Damien Barbin, acteur qui a étudié au conservatoire de Nantes, puis à l'Ensatt et au conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris, et qui n'a cessé de jouer des oeuvres classiques et contemporaines, jouent dans La bête de la jungle les rôles d'une femme et d'un homme qui fêtent leurs retrouvailles, dix ans après leur première rencontre, à l'occasion d'un voyage. Le souvenir du secret que John, aristocrate fragile et frivole, confia alors à la divine et sensuelle Catherine, va rendre leurs destins indissociables et donner un sens à leur existence...
ÉRIC VIGNER considère que le XXe siècle a tout démonté, tout cassé. Il se demande donc maintenant "qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on va bien inventer ? Le XXIe siècle doit faire quelque chose."