Ouest France
3 juin 2000 · ANTOINE DELAUNAY
CDDB : une mise en scène épurée
Le public lorientais accueille avec enthousiasme L'ÉCOLE DES FEMMES
Accueil enthousiaste pour L'ÉCOLE DES FEMMES de Molière. Jouée au CDDB par les acteurs de la Comédie-Française, la pièce, mise en scène par ÉRIC VIGNER, a ravi le public. Refusant la farce et adoptant un ton plus dépouillé, le jeune metteur en scène a pourtant réussi à faire rire la salle.
"Rigueur dans le jeu des acteurs, restitution des vers sans artifices, ÉRIC VIGNER a voulu donner toutes ses chances au texte de Molière. Tous, nous avons énormément apprécié de travailler avec lui". Jeudi matin, quelques heures avant la première représentation de L'ÉCOLE DES FEMMESsur les planches du CDDB, Bruno Raffaeli et Catherine Samie, tous deux sociétaires de la Comédie-Française, ne cachaient pas leur enthousiasme.
Huitième pièce et première grande comédie de Molière, l'École des femmes, créée en 1662, est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 1680. Cette année, elle y a fait l'ouverture de la saison salle Richelieu, la plus prestigieuse de l'institution. La mise en scène d'ÉRIC VIGNER y a connu un beau succès. Jeudi et vendredi, les spectateurs lorientais lui ont réservé un accueil tout aussi chaleureux.
Dépasser la simple satire
Taxé d'excès d'austérité par ses détracteurs, le jeune directeur du centre dramatique de Bretagne a réussi son pari. Le public, loin de bouder un jeu accusé d'être trop hermétique, n'a ménagé ni éclats de rire, ni applaudissements. "Cette mise en scène n'est pas triste. Au contraire", explique Catherine Samie. "Simplement, la force d'ÉRIC, c'est de laisser les spectateurs libres de développer leur imaginaire. Il n'impose rien et se contente de proposer".
Le talentueux metteur en scène a énormément travaillé le texte, en respectant sa forme initiale, sans essayer de la simplifier. Un travail qui convient bien à l'école des femmes.
"Certainement la pièce la mieux écrite, la plus aboutie de Molière. Celle où la rime est la plus pure", confie Bruno Raffaelli. Fidèle à sa méthode, ÉRIC VIGNER a voulu dépasser la simple satire et retrouver la dimension pathétique de l'oeuvre.
Par sa magie, le personnage d'Arnolphe, magistralement interprété par Bruno Raffaelli, loin du vieux barbon, ridicule et triste auquel on était habitué, redevient touchant. Éric Ruf, le jeune Horace qui vient ravir le cœur d'Agnès, virevoltant et léger, bondit à travers les étages et les plates formes d'un étonnant décor constitué de lames de bois blanc entrecroisées. Une clarinette, un violon et un piano, ponctuant l'action de mélodies pertinentes, viennent couronner l'ensemble.