La Croix
24 juin 1994 · JEAN-PIERRE HAN
Audureau, l'intégrale
La place de Jean Audureau dans notre univers théâtral est singulière. Ce poète de la scène, à l'oeuvre hautement exigeante, peut se vanter d'avoir vu toutes ses pièces représentées dans des lieux " officiels " comme l'Odéon ou la Comédie-Française, par des metteurs en scène de qualité comme Pierre Debauche, Antoine Bourseiller ou Jean-Pierre Vincent. Un privilège que bien des auteurs contemporains pourraient lui envier, même si les réussites scéniques n'ont pas toujours été au rendez-vous.
Jean Audureau est un écrivain rare dans tous les sens du terme. Par la qualité de son écriture, par ses sujets (on trouve ainsi Emmanuel Kant devenu personnage de théâtre !), par sa façon d'être, en marge de toute mondanité théâtrale, et enfin pour ce qui concerne sa production " réduite " à quatre ou cinq pièces quasiment toutes éditées par Gallimard, peu habitué à ce genre de publication. Quatre ou cinq pièces en l'espace d'une trentaine d'années (Audureau a 62 ans) : le travail d'écriture de l'auteur est long, parfois douloureux...
L'hommage (rétrospective) que lui consacre le Théâtre de la Commune-Pandora est, lui aussi, unique. Quasiment toute son œuvre (de Katherine Barker à Félicité, en passant par Le Jeune Homme et La lève) est livrée au public pendant une dizaine de jours.
Audureau vit cette expérience comme un moment " privilégié ", même si cela est très " fatigant et prenant " puisqu'il suit assidûment et dans la mesure du possible (il ne possède pas le don d'ubiquité!) les répétitions. Dans cette quadruple saisie de ses textes (effectuée par Pierre Vial, Jean-Louiss Thamin, Éric Vigner et Pascal Rambert), il sent vibrer une " vraie passion ", passion qui trouvera un prolongement la saison prochaine avec la création de son nouveau texte, Hélène, par Jean-Louis Thamin à Bordeaux.
Quatre spectacles présentés presque simultanément : c'est un peu comme si Audureau entrait dans " La Pléiade "...