Le Télégramme · 11 octobre 2007 · DÉBRAYAGE

Le Télégramme · 11 octobre 2007 · DÉBRAYAGE
Une variation sur le monde du travail généreusement ovationnée par un large public.
Presse régionale
Critique
Isabelle Nivet
11 Oct 2007
Le Télégramme
Langue: Français
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Le Télégramme

11 octobre 2007 · Isabelle Nivet

VIGNER-DE VOS: succès de la pièce DÉBRAYAGE

Le CDDB présente depuis mardi et jusqu'à vendredi, au Grand théâtre, la dernière création d'ÉRIC VIGNER, DÉBRAYAGE, de RÉMI DE VOS. Une variation sur le monde du travail en formes de saynètes, interprétées par quatorze comédiens de la Haute école de théâtre de Suisse romande, généreusement ovationnés par un large public.

Première pièce de RÉMI DE VOS, écrite en 1995, DÉBRAYAGE, c'est une douzaine de micro-histoires, souvent drôles, toujours cruelles, qui portent déjà la patte de cet auteur mordant et percutant. Dans un langage du quotidien, qui s'autorise tournures familières et expressions de la rue, DE VOS fait mouche, avec peut-être davantage de facilités que dans ses pièces plus récentes, plus acérées, au langage plus tranchant. Qu'importe. On rit - jaune - aux déboires des salariés face à un "chefaillon" tyrannique ou aux angoisses de deux candidats à un poste d'animateur de parc à thème, en proie à une DRH pédante et méprisante.

Acteurs à 20 ans

Les jeunes acteurs jouent leur rôle avec un égal bonheur, idéales marionnettes entre les pattes d'un VIGNER qui en profite pour se laisser aller à ses marottes de metteur en scène, pour le pire et le meilleur. Le pire, c'est le ton forcé, le surdécalage des personnages, qui finit par lasser un spectateur qui n'a vraiment plus besoin de ça pour penser que VIGNER est - et sera - un metteur en scène marquant, innovant et créatif. Même si ce parti pris a tendance à s'effacer peu à peu pour laisser la place à des choix d'interprétations plus naturelles... Le meilleur, c'est le langage corporel très fin des acteurs, très travaillé, avec des postures, des attitudes et des gestes qui définissent leur personnage au-delà des mots. Un vrai beau travail de chorégraphe, avec une connotation burlesque et bouffonne qu'on retrouvait déjà dans le dernier DE VOS Jusqu'à ce que la mort nous sépare .

Son et lumière

Enfin, comme toujours, on retrouve dans le travail de VIGNER tout ce qu'il sait décidément très bien faire : bouleverser les points de vue, définir des espaces, jouer avec les déplacements comme sur un jeu d'échecs. La lumière est inventive, ludique et travaillée au millimètre, les costumes, les coiffures et maquillages intelligents et subtils. Le son, encore une fois signé Othello Vilgard, est malin comme tout, alternant ambiances de fond et évocations cinématographiques, le tout baignant dans une coloration discrètement seventies. Une fois encore, une très belle démonstration de comment le regard d'un artiste peut transformer un texte en véritable oeuvre plastique.

Les lycéens de Colbert ont rencontré Rémi De Vos

Dans le cadre d'un travail sur le théâtre, deux classes de seconde du lycée Colbert ont planché sur la pièce Débrayage (voir plus haut), encadrés par GaËlle Bougot et Morwena Meynier, professeurs de français, et Céline Guillemin, documentaliste. Une rencontre était organisée avec l'auteur, Rémi De Vos, hier matin. Il a été soumis à diverses questions sur le métier d'auteur, la façon d'écrire, la raison de ses choix et la genèse de sa pièce.

Une critique du texte

Avant d'aller assister au spectacle ce soir et demain, en amont, les lycéens ont rédigé une critique du texte, dont nous vous livrons des extraits.
" (...) Le monde professionnel est omniprésent chez ces personnages, de jour comme de nuit, et concerne tous les milieux sociaux, que l'on soit fonctionnaire, patron, employé ou bien étudiant. L'univers professionnel devient une obsession (...) L'histoire (...) est découpée en sketches qui ont leur autonomie (...), montrant chacune des situations diverses par la voix des employés qui ont perdu, ou ont peur de perdre leur travail. (...) Derrière le registre polémique où par exemple l'auteur dénonce l'hypocrisie des gens, on retiendra surtout le registre comique qui mêle, avec beaucoup de finesse, humour grinçant et humour noir. (...) Cette pièce d'actualité montre que nous vivons dans un monde sans pitié, où la pression exercée par les supérieur hiérarchiques - et donc le jeu de rôle qu'elle oblige à jouer - est insupportable (...) ".