Le Républicain Lorrain
20 décembre 1996
Brancusi contre états-Unis: un oiseau étonnant au CCSTI
C'est la première fois depuis le début de la saison du Carreau que le CCSTI du Carreau Wendel accueille un autre Carreau, celui de la Scène-nationale. Depuis mardi soir jusqu'à samedi à 18h, Brancusi contre États-Unis, mis en scène par éric Vigner, offre rien moins qu'une interrogation en neuf personnages et 90 minutes sur le thème : Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art moderne? Rude question.
Au départ, le sujet est historique : l'Oiseau, sculpture de Brancusi, est taxée à son arrivée à New-York comme n'importe quel produit manufacturé. évidemment, l'Oiseau ressemble à tout sauf à un volatile. Et le procès commence. La pièce reprend les minutes historiques. Il s'agit pour les avocats, les défenseurs, les sculpteurs de témoigner à la fois de la véritable démarche artistique et de sa qualité d'œuvre unique. C'est là toute la gageure d'Éric Vigner et de sa troupe : faire d'un tel sujet, aussi difficile, un jeu de scène, de questions et d'humour, un défilé de personnages à la fois réalistes et caricaturaux.
Le texte, parfois un peu long, est joué par des acteurs pieds nus, vêtus de redingotes grises et de lunettes rondes et rouges, silhouettes d'oiseaux de théâtre, sur fond de pépiements et d'une merveilleuse voix d'hôtesse de l'air. Le thème prend une intensité plus forte dans le décor industriel du CCSTI. Pour connaître le jugement du tribunal américain, il suffit de se rendre au Musée Wendel, ce soir à 20h30 et demain à 18h.