Ouest France
29 septembre 2004 · Jérôme GAZEAU
Autour du Bourgeois Gentilhomme, une évocation du passé de la ville CDDB : un pont entre Lorient et l'Orient
Lorient, porte vers l'Orient. La chanson est connue depuis l'installation de la Compagnie des Indes au Port-Louis, puis la création de la ville par ordonnance royale en 1666. Avec Le Bourgeois Gentilhomme créé en Corée, Éric Vigner et le Centre dramatique de Bretagne fouillent les racines maritimes de Lorient.
Directrice artistique du CDDB, Bénédicte Vigner est revenue la semaine dernière de Séoul où elle a assisté aux représentations du Bourgeois Gentilhomme, mis en scène par son frère. Voilà deux ans qu'Éric Vigner est en cheville avec le Théâtre national de Corée, qui souhaite monter la pièce d'un auteur classique français. Cette grande structure, à l'échelle d'une capitale de 10 millions d'habitants, a contacté le directeur du CDDB au moment où il faisait entrer Marguerite Duras, via Savannah Bay au répertoire de la Comédie-Française.
Pour Séoul, le choix s'est fixé sur Le Bourgeois Gentilhomme. La comédie de Molière, mise en musique et ballet par Lully a la particularité de rassembler musiciens, danseurs et acteurs. Une trentaine d'artistes coréens se sont produits à Séoul, du 11 au 26 septembre, dans une version "extrême-orientalisée". M. Jourdain n'est plus un bourgeois parisien mais un Coréen, les "Turcs" sont devenus des chamans, les ballets ne sont plus "à la française" mais dansés sur des instruments typiquement orientaux. Les Lorientais découvriront cette adaptation asiatique au Grand Théâtre, du 11 au 16 octobre.
Les Lorientais mobilisés
"La venue pour la première fois en France du Théâtre National de Corée n'a été confirmée qu'en mai dernier", précise Bénédicte Vigner, pour qui cet événement méritait d'être marqué de manière importante. Les liens paraissaient évidents : La 25e pièce de Molière a été présentée en 1670, quatre ans après la création de la Compagnie des Indes. De Lorient sont partis des dizaines de bateaux vers les comptoirs chinois et certains ont semble-t-il accosté plus loin, sur les rives de la Corée.
Afin d'amarrer la ville à son passé maritime "prestigieux", l'équipe du CDDB a associé à son projet un certain nombre de bonnes volontés locales, collectivités, étudiants, groupes de recherche, artistes... "Nous avons été épatés par la réactivité des Lorientais tout s'est activité des Lorientais, tout s'est monté en deux mois !" Pour Bénédicte Vigner, les douze jours coréens ne sont qu'une première étape d'un objectif plus ambitieux : redonner à Lorient toute sa place de plateforme d'échange avec l'Orient, aussi bien culturel qu'économique.