Ouest France
15 octobre 2002
JUTTA WEISS et la voix intérieure de Duras
La comédienne interprète LA BÊTE DANS LA JUNGLE au Quartz
Retour au Quartz pour ÉRIC VIGNER, qui met en scène La Bête dans la jungle les 17 et 18 octobre. Une pièce de James Lord d'après une nouvelle de Henry James, et qui a été adaptée en français par Marguerite Duras. Jouant au côté de JEAN-DAMIEN BARBIN, la comédienne JUTTA-JOHANNA WEISS évoque ce travail audacieux sur une histoire d'amour faite de beauté et de douleur.
Un homme et une femme se retrouvent dix ans après leur première rencontre, et le partage d'un secret va nouer leurs vies. Telle est l'intrigue de LA BÊTE DANS LA JUNGLE, une pièce au destin surprenant puisque trois écrivains se sont chargés d'apporter leur pierre à son édifice. La nouvelle de Henry James, la pièce de James Lord et l'adaptation française de Marguerite Duras constituent autant d'expériences différentes de cette histoire qu'ÉRIC VIGNER a mise en scène pour la première fois en octobre 2001 au CDDB - Théâtre de Lorient.
Après La pluie d'été en 1993, c'est la deuxième fois qu'ÉRIC VIGNER met en scène un texte de Duras dans ce Quartz dont il a été un compagnon de route au début des années 90..
Pour LA BÊTE DANS LA JUNGLE, il a fait appel à JUTTA-JOHANNA WEISS et JEAN-DAMIEN BARBIN, deux comédiens qui ont travaillé sous sa direction pour Rhinocéros de Ionesco.
La beauté et la douleur
Pour la comédienne autrichienne, qui est déjà venue au Quartz avec ÉRIC VIGNER en 1999 pour Marion De lorme de Victor Hugo, il est question de "fidélité et de découverte perpétuelle." Entre le metteur en scène et Marguerite Duras, JUTTA-JOHANNA WEISS découvre une relation de confiance qui l'amène à s'immerger dans l'oeuvre de l'écrivain. Notamment cette adaptation de LA BÊTE DANS LA JUNGLE qui est pour elle "un texte du XXIe siècle qui relève du sentiment, de la voix intérieure et de l'esprit oriental cher à Duras. On y retrouve à la fois la beauté et la douleur."
Pour mettre en scène cette histoire qui a connu trois plumes, ÉRIC VIGNER s'est attaché à constituer une atmosphère de rêverie dans un univers pictural à travers un rideau de bambou. JUTTA-JOHANNA WEISS y voit la patte du plasticien de formation qui veut "rendre cet empilement d'écrivains et ces couches d'écriture comme une peinture de tableaux en trois dimensions. Éric travaille avec beaucoup d'intuition et de courage. Tout se déroule ici dans la sensation, dans la présence des images et dans le sentiment de la profondeur." Un travail qui rejoint son propre "empilement d'expériences de langues étrangères." Pour celle qui s'affirme comme une
"Autrichienne voyageuse", la rencontre avec une autre âme vagabonde comme celle de Marguerite Duras relève à la fois du hasard et de la nécessité.