Le Télégramme
10 octobre 2001 · Olivier Scaglia
VIGNER crée à Lorient LA BÊTE DANS LA JUNGLE
Avec LA BÊTE DANS LA JUNGLE , donnée pendant un mois à partir de mercredi prochain, ÉRIC VIGNER signe son retour à Lorient. Une création théâtrale que le patron du CDDB veut rapprocher d'un " spectacle total ". L'intrigante question de l'amour.
LA BÊTE DANS LA JUNGLE; VIGNER dans la ville ? Le lien autobiographique relève de l'interprétation. Encore que... Souriant, modérément prolixe mais toujours très pudique, ÉRIC VIGNER ne lève que très partiellement le voile sur son travail de créateur, de retour à Lorient. À raison, peut- être : le cheminement intellectuel, les détours, pétris de sensibilité par définition, ne supportent pas le compte rendu, le résumer, le regard coincé entre deux cillements. Il se vit. N'empêche.
L'amour
N'empêche, parce que la question qui est au centre de La Bête dans la jungle, c'est ce terrible abîme existentiel : "Qu'est ce que l'amour ? Comment évolue-t-il au long d'une vie ?".
"Pour moi, c'est la question principale. L'amour, c'est ce qui donne tout le sens à la vie", répond ÉRIC VIGNER dans un élan de sincérité et de spontanéité.
LA BÊTE DANS LA JUNGLE raconte l'histoire d'un homme et d'une femme qui se sont rencontrées il y a longtemps. Ils se retrouvent quelques années plus tard, par hasard dans une réception. Leur passé, leur fragment de vie commune s'est cristallisé autour d'un secret qu'ils partagent tous les deux. Ce secret s'appelle La bête dans la jungle.
Appropriations
La création d'ÉRIC VIGNER puise ses racines dans une nouvelle écrite par Henry James. James Lord en avait fait une première adaptation pour le théâtre. Dans les années 60 puis en 1980, Marguerite Duras s'est emparée de la pièce et en avait produit une adaptation française. C'est sur cette seconde version française qu'ÉRIC VIGNER a travaillé. "Au-delà de son thème central, j'aime cette pièce parce qu'on y sent la confrontation de l'écriture d'un homme et celle d'une femme. Duras, elle qui n'a toujours écrit que sur l'amour, apporte la part du féminin à ce texte".
"La totale"
ÉRIC VIGNER a visiblement été marqué par La Didone, l'opéra qu'il a créé à Lausanne, en décembre dernier. "C'était une belle aventure qui s'est beaucoup rapprochée de ce que j'appelle un spectacle total", se souvient-il, avec la ferme volonté de donner corps à sa "Bête" dans un paysage artistique tout aussi dense : "Tout est à travailler, les décors, le son, la mise en scène, la lumière. Chacun des paramètres qui fait le spectacle est à développer au maximum". Dans les coulisses et autour du CDDB, une quarantaine de personnes bossent depuis six mois sur la création.
Objectif ? "Donner à voir des images, des atmosphères : le théâtre doit continuer à étonner et à surprendre le spectateur".