Ouest France · 29 septembre 1999 · L'ÉCOLE DES FEMMES

Ouest France · 29 septembre 1999 · L'ÉCOLE DES FEMMES
Une longue ovation à la Comédie-Française
Presse régionale
Critique
Benoit Le Breton
29 Sep 1999
Ouest France
Langue: Français
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Ouest France

29 septembre 1999 · BENOÎT LE BRETON

VIGNER, hôte de la Comédie-Française

Le patron du théâtre de Lorient y met en scène L'ÉCOLE DES FEMMES

ÉRIC VIGNER vient d'ouvrir la saison de la Comédie-Française à Paris avec sa version de L'ÉCOLE DES FEMMES de Molière. Pas peu fier, mais les mains moites, le patron du théâtre de Lorient peut souffler. Il a franchi, avec brio, le double obstacle de la première et de la générale.

"La soeur de Lionel Jospin était dans la salle. Il paraît qu'elle a adoré !" La pêche aux potins mondains peut s'avérer fructueuse, un soir de générale à la Comédie-Française. Joxe, Kiejmann, Philippe Tesson ou encore Edmonde Charles-Roux sont venus, lundi soir, enrichir ce trombinoscope du tout-Paris.

ÉRIC VIGNER a beau afficher son peu de goût pour les cocktails et les ronds de jambe, il lui était interdit de se ramasser. Or, lundi, aucun fauteuil de la somptueuse salle Richelieu n'a claqué, aucun râleur ne s'est manifesté.

Au contraire, l'ovation finale a été suffisamment longue pour être honnête. "Ouvrir la saison de la Comédie-Française est, pour moi, du domaine du rêve", explique le patron du CDDB-Théâtre de Lorient, étonnamment détendu à une heure de la générale. Ici, à Paris, on m'appelle systématiquement "le metteur en scène breton". "Comme s'il n'y avait qu'un seul metteur en scène en Bretagne! C'est ridicule et rigolo. Mais en même temps, ce soir, je suis réellement fier d'être Breton!"

Lundi, minuit. À la terrasse du bar Le Nemours, l'annexe des comédiens du Français, ÉRIC VIGNER peut sourire du haut de son nuage. La générale vient de s'achever sous les bravos, tandis que la première publique, quelques jours auparavant, avait recueilli le même écho favorable. À 38 ans, ÉRIC VIGNER est le plus jeune artiste qui se voit confier une mise en scène à la Comédie-Française qui, en plus, ne lésine pas en lui ouvrant sa grande salle. Pourtant, VIGNER reste VIGNER. Autrement dit, un artiste contemporain qui ose dépoussiérer les monuments du répertoire, passés au tamis d'une esthétique épurée, sans se soucier des états d'âme des apôtres du classicisme.

À Lorient, en juin

"Jean-Pierre Miguel, l'administrateur du Français, cherchait justement à faire taire les critiques qui lui reprochaient des choix trop académiques, confie ÉRIC VIGNER. Il y a deux ans et demi, il m'a donc commandé un Molière. J'ai choisi L'ÉCOLE DES FEMMES qui, pour moi, reste le chef-d'oeuvre de la comédie classique." Pas chien, Miquel a même cédé à l'amicale pression de VIGNER. Forcément têtu, le Breton a, en effet, obtenu que les comédiens du Français viennent jouer L'ÉCOLE DES FEMMES les 1er, 2 et 3juin prochains à Lorient, après huit mois à l'affiche à Paris.