Ouest France
15 février 1996
Pour la quatrième année consécutive, le théâtre de Caen accueille Éric Vigner. Le metteur en scène y présente L'Illusion comique de Corneille, pièce qu'il avait choisie pour l'ouverture du Centre dramatique de Lorient, dont il vient de prendre la direction.
Au travers de La Pluie d'Été, ÉRIC VIGNER s'était essayé, fin 1993, de faire entendre la voix si particulière de Marguerite Duras, à mettre le doigt sur "le principe de vie". C'est ce même regard poétique qu'il entend poser sur "L'Illusion comique" de Pierre Corneille. Là encore, il s'agit d'une magnifique histoire d'amour.
Elle raconte l'errance d'un père à la recherche de son fils, ce fils, ce cher objet de mes inquiétudes , perdu par sa faute. Fils fragile peut-être, en mal d'identité certainement. Il finit par trouver sa vérité dans le métier d'acteur. L'histoire enfin réconcilie dans le pardon ces deux-là qui par le miroir du théâtre se regardent et se trouvent.
L'Illusion comique apparaît presque comme un inventaire des différentes traditions du théâtre occidental. La pièce est un "caprice", le spectacle devenant lui-même spectacle, forme suprême du dédoublement qu'aimaient à cultiver les baroques. Ses personnages et la qualité de l'intrigue en font une comédie drôle, doublée d'une profonde réflexion sur le théâtre. Enfin, sur scène, Éric Vigner a souhaité la présence d'un quatuor à cordes, "caprice" musical répondant au "caprice théâtral".