Ouest France
12 janvier 1996 · Michel TROADEC
Lorient crée L'Illusion comique
Après La pluie d'été de Duras et Bajazet de Racine, Éric Vigner présente L'Illusion comique de Corneille, à partir de ce soir. La première création du Rennais depuis son retour en Bretagne et sa nomination comme directeur du théâtre de Lorient.
A la rentrée dernière, quand les centres dramatiques débutaient leur saison, la scène du théâtre de Lorient n'était qu'un immense trou...
L'arrivée d'Éric Vigner à la direction du Centre dramatique de Bretagne s'est accompagnée d'une rénovation du théâtre lorientais, avec création de dessous de scène, changement de fauteuils, réaménagement du hall d'accueil et pose d'un plancher XVIIe récupéré dans un couvent jurassien...
Un symbole. Éric Vigner, 35 ans, plasticien, acteur et metteur en scène reconnu, a choisi Corneille et L'illusion comique (1635) pour première création lorientaise. Le choix apparaît comme audacieux. Les adaptations de cette pièce ne sont pas nombreuses. Corneille lui-même la traitait d'"étrange monstre". Cette "fantaisie" tenant à la fois de la comédie et de la tragédie fait oeuvre de transition dans le répertoire.
L'histoire est celle d'un père qui a perdu son fils et le retrouve par le miroir du théâtre. Autant d'éléments forts, pour inspirer le jeune metteur en scène : "J'avais besoin pour avancer, de m'interroger à la fois sur mes racines personnelles et sur les racines de l'art dramatique." Primauté est donnée au texte et à l'acteur. Et on retrouve, à côté de jeunes comédiens, Guy Parigot, premier professeur de Vigner au conservatoire de Rennes. La pièce est jouée dans un décor épuré à base de panneaux de verre, alors que le quatuor brestois Matheus interprète Purcell... Voilà pour le cadre.
L'autre pari d'Éric Vigner a été de proposer à deux jeunes metteurs en scène, Rémi De Vos et Irina Dalle, de réaliser leur première mise en scène à Lorient. Ce seront les deux autres créations d'une saison qui accueillera aussi quatre spectacles, dont La Princesse de Clèves, de Marcel Bozonnet. Et privilégiera la lecture avec une traduction d'HamLet par Markovitch et un répertoire de Basse-Bretagne : François-Marie Luzel et PIer-Jakez Hélias, par Françoise Morvan.