Lyon Poche
13 mars 1996 · Marielle Créac'h
L'ILLUSION COMIQUE
Dernier "caprice" de Corneille dans l'ordre de la comédie, "l'étrange monstre", ainsi qu'il se plaisait lui-même à dénommer sa pièce, est souvent citée comme un exemple archétypique du genre baroque. Un point de vue que ne partage pas le metteur en scène Éric Vigner pour qui cette "illusion" est éminemment classique dès lors qu'on admet qu'il s'agit d'abord et avant tout de théâtre. "Il n'y a qu'un lieu : le théâtre; qu'un temps : la représentation; qu'une action : obtenir le pardon.
Le génie de Corneille a consisté à partir des formes théâtrales de son temps pour donner naissance à un genre nouveau basé sur des valeurs humanistes qui porte à mon avis en germe, entre autres, toute l'oeuvre de Molière. Cette pièce est d'abord une formidable histoire d'amour et, en ce sens, elle constitue un prolongement, et pas une rupture, avec le travail que j'avais mené sur La pluie d'été de Marguerite Duras. Corneille y traite le théâtre comme un espace de la réconciliation père/fils ; un espace de quête identitaire, de traque de la vérité; un espace qui entretient donc d'étroites, parce que très complexes, relations avec la vie.
MUSIQUE
La musique tient une place prépondérante dans le spectacle puisqu'un quatuor à cordes occupe le centre du plateau. Acteurs à part entière, les musiciens font eux aussi leur petite révolution en passant du baroque au classique... Un caprice croise l'autre, lui répond, tout au long d'un parcours où réel et illusion jouent à cache-cache...".