Le Rennais
janvier 1996 · F.G.
Le grand caprice de Pierre Corneille
Du temps de Corneille, L'illusion comique faisait partie de ces "caprices" théâtraux qui utilisaient librement les différents arts. Dans une nouvelle mise en scène, la pièce nous réserve encore aujourd'hui bien des tours !
Six ans après la fameuse mise en scène de Pierre Debauche, à l'occasion du 40e anniversaire de la Comédie de l'ouest, L'illusion comique fait un retour très attendu au TNB.
Cette vision renouvelée de l'oeuvre de Corneille est en effet signée Éric Vigner, qui l'a conçue pour l'ouverture du Centre Dramatique régional de Lorient, dont il est le directeur. Ce metteur en scène et comédien de 35 ans, originaire de Rennes, où il a fait ses classes, est l'une des figures de la nouvelle génération des hommes de théâtre français. Il est l'auteur de mises en scène contemporaines ou classiques très remarquées.
Aujourd'hui, il s'attaque à la singularité de l'illusion que Corneille nommait lui-même son "étrange monstre". Baroque et extravagante, la pièce est ainsi faite de poursuites amoureuses, d'enlèvements, d'évasions, de péripéties rocambolesques.
C'est une véritable apologie du théâtre, avec ses trois niveaux dramatiques enchâssés, ses différents genres utilisés (pastorale, comédie, tragi-comédie, tragédie...), et bien sûr son fameux Matamore, le fanfaron le plus éblouissant de l'histoire du théâtre. À ce "caprice" théâtral (c'est ainsi que l'on qualifiait à l'époque des pièces réunissant poésie, musique ou peinture), Éric Vigner associe un "caprice" musical, en faisant participer à la dramaturgie un quatuor à cordes.