Le Provencal
06 mars 1996 · Ed.S.
CORNEILLE COMIQUE ? CE N'EST PAS UNE ILLUSION AUX SALINS
En 1984, Giorgio Strehler choisissait de mettre en scène L'illusion comique de Pierre Corneille pour inaugurer son mandat de directeur du Théâtre de L'Europe, à Paris. Éric Vigner a choisi la même pièce pour signer ses débuts à la tête du Centre dramatique de Bretagne, à Lorient, où il a été nommé en juillet 1995. Il renoue ainsi avec sa terre natale, et entend faire de son théâtre un lieu de création.
Corneille nommait lui-même son Illusion son "étrange monstre" alors que (ou parce que) c'est une magnifique histoire d'amour.
De l'errance d'un père à la recherche de son fils, perdu par sa faute. De l'histoire d'un fils fragile, qui finit par trouver sa vérité dans le métier d'acteur (mort ainsi pouvant ressusciter). Et du pardon enfin, de ces deux-là qui par le miroir du théâtre se regardent et se trouvent.
Éric Vigner : de Duras à Corneille
Entré au Conservatoire en 1984, Éric Vigner en sort en 88 pour jouer au Festival d'Avignon L'Epreuve de Marivaux, aux côtés de Jean-Pierre Miquel ; épreuve... triomphale puisque Vienne, Budapest et Paris la plébiscite.
Volant de ses propres ailes, (Compagnie Suzanne M. Éric Vigner), il monte en 91 La Maison d'Os de Roland Dubillard, coup de tonnerre dans le Landerneau, suivi en 93 par La pluie d'été de Marguerite Duras, "commande" de J.P. Miguel pour un "Atelier- Spectacle" avec des élèves de troisième année de Conservatoire.
Devaient suivre avec le même bonheur, Le Jeune Homme de Jean Andureau (dont "Hélène" est actuellement à l'affiche marseillaise, au Gymnase) et Reviens à toi (encore) de Grégory Motton.
Revenu dans ses eaux natales, pour diriger le Centre Dramatique de Bretagne, Éric Vigner est plein d'illusions, mais le plus sérieusement et poétiquement du monde. A preuve il a aimé L'illusion comique de Pierre Corneille.