Le Parisien · 13 janvier 1996 · LA MANUFACTURE DES ŒILLETS

Le Parisien · 13 janvier 1996 · LA MANUFACTURE DES ŒILLETS
La Manufacture des Œillets sauvée par des artistes
Presse régionale
Avant-papier
Christine Henry
13 Jan 1996
Le Parisien
Langue: Français
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Le Parisien

13 janvier 1996 · christine henry

L'ancienne usine sauvée par les artiste

La manufacture des oeillets sauvée par un coup de foudre

La notorité la manufacture des œillets restait jusqu'alors confinée dans un milieu de connaisseurs. Aujourd'hui, cette ancienne usine, véritable monument de l'architecture industrielle, est le théâtre, tous les soirs, d'un défilé impressionnant de plusieurs centaines de personnes, attirées par la pièce de Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton, créée par Patrice Chéreau.

"L'aventure remonte à 1989", raconte Eric Danel, le maître des lieux, heureux du succès de ce lancement. "Ce jour-là, j'épluchais les journaux quand une petite annonce concernant la vente de bâtiments industriels dans le style Eiffel a retenu mon attention. : j'ai pris mon téléphone et je me suis rendu sur les lieux. Le coup de foudre a été immédiat."

Un projet sans arrogance

Fort de ses expériences passées dans le domaine du sauvetage d'édifices en perdition, ce passionné d'architecture industrielle tombe sous le charme de cet ensemble laissé à l'abandon et bâtit un rêve.

Il faut dire que cet architecte n'en est pas à son premier coup de coeur. Il possède à Barbès un immeuble où vivent des locataires de choix : Jean-Louis Foulquier et et les Francofolies, Patrimoines sans frontières, Arcat sida et Éric Vigner avec sa compagnie Suzanne M.. Il est équalement propriétaire d'un bâtiment industriel fin XIXe, à Issy-les-Moulineaux.

Alors, l'acquisition de la manufacture des oeillets a été un jeu d'enfant. Mais c'est après que la situation s'est compliquée. Pendant trois ans, Eric Danel a dû se battre contre vents et marées pour faire avancer son projet de réhabilitation. Un projet sans arrogance. Un projet qu on pourrait presque qualifier de minimaliste, l'essentiel étant de réveiller la mémoire des lieux et de faire revivre son âme.

Aujourd'hui, le défi est relevé. Les élèves de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs ont emménagé dans les lieux à la fin de l'année 1993 en attendant que leurs locaux de la rue d'Ulm soient réhabilités.

Le Théâtre du Châtelet s'est installé l'année suivante dans une aile du bâtiment pour y faire des répétitions et réaliser des enregistrements d'art lyrique. Depuis le mois de décembre, le Théâtre de l'Odéon et Patrice Chéreau occupent la salle des spectacles. Enfin les artistes ont droit de cité dans un vaste espace orné de façades vitrées. Nouveaux et derniers occupants du lieu : les huit salariés employés par la Table de Cana (une entreprise d'insertion) chargée de faire fonctionner le café, de 9 heures à 23 heures. Petits déjeuners, déjeuners ou dîners assurés après le spectacle.

"Je veux que ce lieu soit vivant et ouvert à tous, affirme le manager. Quand je vois les gens des cités voisines débarquer ici pour passer un moment, j'ai le sentiment d'avoir gagné la partie."