Français dans le monde · Octobre 1996 · L'ILLUSION COMIQUE

Français dans le monde · Octobre 1996 · L'ILLUSION COMIQUE
Un théâtre en majesté
Presse internationale
Critique
Daniel Malbert
Oct 1996
Français dans le monde
Langue: Français
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Français dans le Monde

Octobre 1996 · Daniel Malbert

La belle illusion

Entre le périple de ce noble de Bretagne qui vient à Paris dans l'espoir de retrouver son fils, et l'itinéraire d'Éric Vigner et de sa troupe, installés au Centre dramatique de Bretagne à Lorient, il y a matière à débusquer un clin d'oeil comme l'aurait sûrement apprécié Pierre Corneille. Il y a peu d'oeuvres aussi profondes, aussi souveraines dans la liberté prise à l'égard des règles que L'ILLUSION COMIQUE, écrite en 1636.

Éric Vigner et ses très jeunes comédiens trouvent d'emblée un ton juste et convaincant, aidés par un décor simple et magnifique, de panneaux de verre transformant la scène en espace ambigu entre labyrinthe, bosquet ou salle des miroirs. La force de l'illusion est au coeur de la pièce, cette force d'attraction qui émeut le vieux père Pridamant au point de le persuader de pardonner à son fils d'être devenu comédien. Alcandre, le mage directeur de théâtre, manipulateur de tous les effets, est passé maitre dans la domination des forces supérieures qui gouvernent la comédie.

Après des travaux sur des textes non dramatiques (La pluie d'été de M. Duras, La maison d'os de Dubillard), cette mise en scène confirme une belle maturité qui s'affiche dans la capacité à révéler, par les moyens les plus discrets, un théâtre en majesté, sûr de ses pouvoirs depuis qu'il a fait entrer dans son jeu le spectateur, auquel le reflet du public dans les glaces est une allusion insistante.