Ouest France
5 juin 2008
Dans les coulisses du décor d'OthelLo
Avant la présentation d'Othello au Grand Théâtre en octobre prochain, le CDDB nous a ouvert les portes de ses ateliers où est réalisé le décor.
Bien avant que les spectateurs s'installent, que le noir soit fait et que les comédiens entrent dans la lumière, les équipes techniques et artistiques travaillent à la conception et à la réalisation du décor d'une pièce.
Pour Othello de SHAKESPEARE, mis en scène par Éric Vigner, qui sera présenté début octobre au Grand Théâtre, Olivier Pédron, directeur technique et Joseph Le Saint, régisseur général, ont le nez dans le guidon depuis près de six mois pour réaliser ce décor.
Création sonore, lumières, costumes, décor, c'est avant tout l'artistique et la mise en scène qui donnent la marche à suivre ; mais à chacun sa partie.
"Évidemment, il arrive qu'on fasse des arbitrages entre les désirs du metteur en scène et la réalisation technique pour permettre les mouvements des éléments du décor, les déplacements des comédiens, les lumières..." expliquent les deux piliers techniques du CDDB.
Une tournette de 8 m
Pour cet Othello traduit par Éric Vigner et Rémi de Vos, tout a été conçu pour le plateau du Grand Théâtre de Lorient et le Théâtre de l'Odéon à Paris. On se base sur les contraintes techniques des différentes salles, il ne s'agit pas de faire un décor qui n'entre pas ensuite dans les espaces de la scène. "On n'a vraiment pas droit à l'erreur", souligne le duo de choc qui a déjà réalisé pas mal de décors : Jusqu'à ce que la mort nous sépare, Débrayage...
Cette fois-ci, comme pour Pluie d'été à Hiroshima, la bestiole est de taille. Un énorme praticable scénographique de près de 120 m 2 avec une tournette de 8 m de diamètre et 7,84 m de hauteur.
"La tournette est un très ancien procédé qui, comme son nom l'indique, tourne à 360° sur son axe", indique Joseph Le Saint.
À cela viennent s'ajouter deux escaliers de 4 m, deux structures de 7,50 placées cour et jardin (les côtés), une arche de 3,50 de large et 7,50 de haut, un proscenium (l'avant de la scène), cerclé par deux éléments de 9 m de haut et 3,60 de large qui forment une espèce de grande bouche. Difficile de se faire une idée précise de l'ensemble, mais au vu des dimensions, le décor paraît monumental.
Pour réaliser tout cela, Olivier Pédron et Joseph Le Saint restent très attentifs aux contraintes techniques et aux questions de sécurité. "Si l'artistique prévaut, on doit prendre en considération le temps de la réalisation, le poids des matériaux, notamment pour des questions de transport. Ici, il nous faudra deux semi-remorques. Chaque décor est un prototype, il doit être solide, léger, non-feu et joli ; le coût est aussi un facteur important. Pour des raisons pratiques et parce qu'à Lorient il y a un vrai savoir-faire, on travaille avec de nombreuses entreprises locales." Une fois que les éléments du décor sont réalisés, ils feront ce qu'on appelle, dans le jargon théâtreux, un montage à blanc avant le montage définitif qui précède les représentations.
Quand Othello aura retourné sa douleur contre lui, le décor sera remisé dans un immense hangar sur le port où sommeillent les décors de Pluie d'été à Hiroshima, Où boivent les vaches, Rhinocéros, en attendant, qui sait, de revenir dans la lumière d'un théâtre.