EUGÈNE IONESCO, RHINOCÉROS, Acte I
BÉRENGER : "Eh oui, je rêve... La vie est un rêve."
BÉRENGER: "C'est une chose anormale de vivre."
JEAN: "Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit."
BÉRENGER: "Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares."
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EUGÈNE IONESCO, RHINOCÉROS, Acte III
BÉRENGER: "Si je pouvais faire comme eux. Ahh, ahh, brr! Non, ça n'est pas ça! Essayons encore, plus fort! Ahh, ahh, brr! non, non, ce n'est pas ça, que c'est faible, comme cela manque de vigueur. Je n'arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, ahh, brr! Les hurlements ne sont pas des barrissement! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai rhinocéros, jamais, jamais! Je ne peux plus changer. Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. Je me défendrai contre tout le monde! Contre tout le monde, je me défendrai! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout! Je ne capitule pas!"
DAISY: "Et la tête, comment va-elle ?"
BÉRENGER: "Beaucoup mieux, mon amour."
DAISY: "Alors, nous allons enlever ce pansement."
BÉRENGER: "Ah! non, n'y touche pas."
DAISY: "Mais si, on va l'enlever."
BÉRENGER: "J'ai peur qu'il n'y ait quelque chose dessous."
DAISY: "Toujours tes peurs, tes idées noires. Tu vois, il n'y a rien. Ton front est lisse."
BÉRENGER: "C'est vrai, tu me libères de mes complexes. Que deviendrai-je sans toi ?"
DAISY: "Je ne te laisserai plus jamais seul."
BÉRENGER: "Avec toi, je n'aurai plus d'angoisses."
DAISY: "Je saurai les écarter."
BÉRENGER: "Nous lirons des livres ensemble."
(…)
BÉRENGER: "Où trouver les armes ?"
LE LOGICIEN: "La logique n'a pas de limite!"
JEAN: "En vous-même. Par votre volonté."
(…)
BÉRENGER: "Quelles armes ?"
LE LOGICIEN: "Vous allez voir…"
JEAN: "Les armes de la patience, de la culture, les armes de l'intelligence. Devenez un esprit vif et brillant. Mettez-vous à la page."
BÉRENGER: "Comment se mettre à la page ? "