Souhait des voeux · Éric Vigner
En cette fin d’année, encore une fois, la culture s’est trouvée menacée. Plus que la culture, c’est l’art qui fut mis en danger et cela nous concerne tous. Concrètement cela c’est traduit par la remise en cause du droit aux ASSEDIC des intermittents du spectacle, or les intermittents du spectacle sont les ouvriers de l’art et de la culture. La mobilisation massive de l’ensemble des artistes du spectacle a permis pour un temps de chasser cette ombre menaçante sur leur avenir et sur le nôtre ( pour combien de temps ?).
Peut-on imaginer à l’aube du XXIème siècle un monde sans art, sans culture, sans poésie, sans cinéma, sans livre, sans peinture, sans sculpture, sans musique et sans théâtre... ? L’art est un moyen d’inventer l’avenir et c’est bien de cela que nous avons besoin aujourd’hui : inventer l’avenir, et je me souviens de cette pensée du sculpteur allemand Joseph Beuys qui constituait l’éditorial de la première saison du CDDB :
“Voilà ce qu’il faut vivre véritablement : donner un sens à la vie, tout simplement comprendre combien la vie que l’on vit est importante et ne pas ignorer que la vie est peut-être triste, que la vie est peut-être un fardeau et n’apporte pas grand chose : tous ces états d’abattement qui très souvent accablent l’homme, il faut, disons, les supprimer, se supprimer soi-même en faisant de soi quelque chose de nouveau. Et en faisant de soi quelque chose de nouveau, bien sûr aussi faire quelque chose de nouveau avec les autres hommes.”
C’est que je souhaite pour 1997 et aussi que l’art du théâtre que vous découvrirez tout au long de cette première vraie saison du CDDB, dans le partage des émotions, de la pensée, de la découverte des auteurs, des acteurs, des metteurs en scène, en un mot des artistes participe activement à notre vie et par là même participe à l’invention d’un avenir humaniste.
Vous avec choisi en vous abonnant de soutenir la création. La création dramatique c’est le ferment-même du théâtre. Après Brancusi contre Etats-Unis qui poursuit triomphalement sa tournée en France, (Strasbourg, Forbach etc... et qui sera au Centre Georges Pompidou du 8 au 19 janvier) vous avez rendez-vous avec l’oeuvre d’un auteur qui est sans aucun doute notre Shakespeare contemporain français, mort à 40 ans du Sida, qualifié par Patrice Chéreau qui le découvrit de “desperado joyeux”, Anita Piccharini, nous offrira un très grand plaisir avec sa mise en scène de Combat de nègre et de chiens. Puis nous accueillerons Peter Brook, Samuel Beckett, Yann-Fanch Kemener, Jean-Pierre Calloch, Ludovic Lagarde, Synge et Victor Hugo, (ce travail d’atelier sur l’oeuvre de Victor Hugo et en particulier autour de Marion De lorme avec les élèves du groupe 30 du Théâtre National de Strasbourg a commencéà l’école du TNS le 9 décembre dernier).
Bonne année à tous ! Sincèrement votre
*Jospeh Beuys et Harlan Volke, Qu’est ce que l’art ? (l’Arche, 1992)