Le Télégramme · 7 septembre 2011 · SAISON 2012
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Le Télégramme
7 septembre 2011 · Propos reccueillis par ISABELLE NIVET
Lorient : une ville, un théâtre, une identité
Le CDDB et le Grand théâtre ne font plus qu'un : le Théâtre de Lorient. À sa tête, Éric Vigner. Le nouveau directeur artistique commente pour la première fois ses choix et son projet pour Lorient.
Le public a récemment découvert un magazine présentant le nouveau projet "Théâtre de Lorient", et pour beaucoup c'est une surprise. Pourquoi ce regroupement sous une même enseigne ?
C'est d'abord un concours de circonstances, avec le départ à la retraite de Josette Joubier, directrice du Grand théâtre. Et il ne faut pas oublier que c'est mon nom qui a servi de caution auprès du ministère dans le projet d'origine du Grand théâtre... Aujourd'hui, la Ville de Lorient a souhaité regrouper les deux équipements sous une seule direction artistique. Jusqu'à présent il y avait d'un côté la musique, la danse, le jeune public et le cirque, et de l'autre le théâtre. Aujourd'hui, il y a un seul programme, un seul abonnement, une seule billetterie, on facilite la tache de l'usager. C'est un seul projet artistique : le théâtre de Lorient, c'est une ville et un théâtre. Une identité plus forte. Les trois lieux, aux jauges différentes (1038 places au Grand théâtre, 338 au Centre dramatique national de Bretagne, 100 au Studio de Création) vont permettre une circulation sur le territoire et l'utilisation optimisée des espaces. Là, nous sommes dans une année de transition, avec une programmation amorcée par Josette Joubier, mais ce sera plus visible la saison prochaine.
Deux lieux et deux équipes qui s'additionnent : le public va-t-il s'y retrouver ?
Le Théâtre de Lorient, c'est une addition de forces et de travail dans la même direction. Pour l'instant, nous apprenons à travailler ensemble et à faire connaissance. Pour les journées d'ouverture, samedi et dimanche prochains, toutes les équipes seront là pour guider, présenter, aider le public à choisir, dans une ambiance conviviale, avec musique et gâteaux... Nous avons choisi de conserver le nom des lieux, lié à leur histoire, mais sous le nom global de Théâtre de Lorient. Le focus sera mis sur le Studio, en particulier, avec le "Fringe" un laboratoire de création où sera invitée, entre autres, l'immense Meredith Monk. La province, ce n'est pas vrai que c'est moins bien qu'à Paris ! À Lorient, nous avons une grande chance, c'est une ville populaire, une ville qui avance, avec un gros budget culture. À Sydney, avec cinq millions d'habitants, il n'y a qu'un seul théâtre, dirigé par Cate Blanchett sur ses fonds propres... À Lorient, il y a 20.000 spectateurs par an rien que pour le théâtre, 50.000 toutes disciplines confondues.
Le Grand théâtre était depuis 2008 "scène conventionnée", une reconnaissance de l'État liée à un lieu, voire même une direction... Qu'en sera-t-il du Théâtre de Lorient ?
Le conventionnement est un label national, un soutien à un lieu, il n'était pas question de perdre le travail effectué en direction de la danse pendant huit ans. Tout continue exactement pareil. La danse continuera, et cela dès l'ouverture de saison avec un bal masqué, ouvert à tous, dans le cadre d'Octobre Baroque. Pour Mademoiselle Julie, avec Juliette Binoche, des danseurs amateurs monteront sur scène, ainsi qu'avec Boris Charmatz, sur le projet Roman Photo ouvert aux non-danseurs. La danse va garder sa place.
Les noms de Boris Charmatz, directeur du Centre chorégraphique national de Rennes, et Jean-Christophe Spinosi, directeur de l'Ensemble Matheus, apparaissent beaucoup dans la programmation. Deviennent- ils artistes associés ?
Non. Les artistes associés restent les mêmes sur toute la durée du mandat du Centre Dramatique National, c'est-à-dire Marc Lainé, Madeleine Louarn et Christophe Honoré. Charmatz et Spinosi sont deux artistes avec lesquels nous allons travailler et créer des liens. Le Théâtre de Lorient, c'est d'abord une maison d'artistes, où l'artistique est à la tête, avec des gens qui dialoguent ensemble. C'est le début d'une association. Boris vient d'arriver en Bretagne, il a été artiste associé à Avignon cet été, et il va en quelque sorte "se présenter" à Lorient, où il n'est jamais venu. Quant à Jean-Christophe, je le connais depuis longtemps, il a créé la musique de deux de mes pièces, L'Illusion comique puis Marion de Lorme.
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