Le Dauphiné libéré
3 février 2012 · GAËL HERBERT
Guantanamo au théâtre de la ville
Lundi, Guantanamo, de Frank Smith et Éric Vigner, a investi le théâtre de la ville. Le décor est constitué d'une table en forme de fer à cheval surmontée de micros et encombrée de dossiers. Dans l'ombre, une fontaine d'eau. Les jeunes comédiens, tous chaussés de rangers, prennent place après avoir salué le public dans leur langue maternelle donnant à cette scène l'allure de quelque tour de Babel contemporaine.
Un discours courtois mais ferme
C'est bien cette incompréhension, cette confusion qui constitue le cœur de la pièce, tirée des minutes d'audition par le tribunal spécial de Guantanamo des supposés terroristes que l'état américain, en dépit de toute légalité, y incarcéra. Pas de nom : l'emploi du pronom "on", mais jamais d'identification formelle. Une méthode très anglo-saxonne, un discours courtois mais ferme, une demande faite à "l'accusé" de coopérer qui témoigne de l'arrogance d'une nation et de sa méconnaissance d'autres cultures que la sienne, l'expression d'une forme de paranoïa procédurière.