Ouest France
13 mars 1997 · Recueilli par Michel TROADEC.
À Avignon, Lambert Wilson s'est enthousiasmé pour la création d'ÉRIC VIGNER, directeur du théâtre de Lorient, sur Brancusi. Le comédien a ainsi accepté de "sécher" le tournage d'un film d'Alain Resnais pour travailler, à Lorient, sur la lecture du Funambule de Jean Genet (1).
Entretien.
Quel est l'intérêt d'une lecture pour un comédien ?
J'aime le travail de l'acteur qui se concentre, uniquement, sur la voix et le mot, peut-être par frustration de ne pas être devenu musicien. En France, on sépare le travail musical, que demande la lecture, du travail dramatique des acteurs. C'est dommage. Personnellement, cela m'apporte beaucoup de plaisir.
Vous connaissiez Le funambule ?
J'ai des souvenirs d'adolescent des livres de Jean Genet, qu'on ouvrait toujours un peu inquiet. J'avais entendu parler de ce texte un peu mythique. Il est très épuré. Il y a un passage assez sublime sur le rêve qu'on peut avoir de soi-même. Il est jouissif d'entendre les choses formulées aussi bien. C'est aussi une déclaration d'amour très forte. Et puis, cela parle de la question de l'art, qui me préoccupe beaucoup, et que j'avais déjà trouvé formidablement évoquée dans Brancusi.
Votre emploi du temps est plutôt chargé ?
Je tourne On connait la chanson, d'Alain Resnais, avec Sabine Azema, Pierre Arditi, André Dussolier. Une comédie dramatique sur l'incommunicabilité, les apparences, avec beaucoup de musique, des tubes. Dans le tournage, on avait prévu mon passage en Bretagne... Avant, il y a eu Marquise, de Véra Belmont, avec Sophie Marceau, sur la naissance d'une actrice, à sortir fin août. Je joue Racine, alors que Bernard Giraudeau est Molière. Je prépare, aussi, un spectacle, un tour de chant du cinéma français des années 30 à 60. J'ai d'ailleurs passé le week-end à chanter...