L'Agence Télégraphique Suisse
26 décembre 2000
Un opéra rarement joué est proposé à Lausanne dès dimanche «La Didone» accapare la mythologie pour livrer un message positif =
L'Opéra de Lausanne accueille La Didone de Francesco Cavalli dès dimanche. Six représentations sont prévues jusqu'au 9 janvier. Maints personnages et récitatifs caractérisent cet ouvrage créé durant le carnaval de Venise en 1641.
Inspiré d'un texte du poète latin Virgile, cet opéra rarement joué raconte les amours contrariées de la reine Didon et du héros troyen Enée. Au lieu de se donner la mort, comme dans le texte original, Didon épouse son soupirant de toujours, le roi Iarbas. Le rideau se baisse après un duo d'amour.
Espoir et vie
Ce happy end se conclut sur un message positif: les mots espoir et vie. "Pour le 31 décembre 2000, date symbolique s'il en est, nous voulions entrer d'un bon pied dans le nouveau siècle", a déclaré Eric Vigner. Ce Français, habitué des mises en scène de théâtre, signe ici son premier spectacle lyrique.
L'argument de l'ouvrage démontre cette volonté. La première partie se déroule dans un décor de fin du monde, la chute de Troie. Puis tout se métamorphose, l'action se déplace en Afrique et la vie prend le dessus.
Force érotique
"Le livret dit qu'on peut se transformer", constate Eric Vigner. "On ne peut plus s'arrêter sur un constat nihiliste du monde. Cette oeuvre délivre un message de foi en l'Homme.
Un rhinocéros sert de "fil rouge". Couché sur le flanc, il occupe une partie du décor. "Nous nous sommes inspirés du 'Rhinocéros', une toile de Pietro Longhi, le peintre italien du 18e siècle. Cette force alanguie, morte, va se muer en force érotique."
Version abrégée
L'exécution de la partition de Cavalli, un élève de Monteverdi, dure plus de quatre heures. La version proposée à Lausanne en fera trois, sans entracte. "Nous avons procédé à de nombreuses coupures pour clarifier l'intrigue", explique le metteur en scène.
Le public du Théâtre municipal va découvrir l'un des premiers opéras jamais écrits. "Même si cet ouvrage est assez statique, nous comptons sur les autres éléments, comme la musique ou les lumières, pour impressionner le spectateur."