Classica · Mars 2004 · ANTIGONA

Classica · Mars 2004 · ANTIGONA
Sophocle à l'italienne
Revue spécialisée
J.R
Mar 2004
Classica
Langue: Français
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Classica

Mars 2007 · J.R.

Sophocle à l'italienne . Rousset monte Antigona de Traetta

Après le disque, la scène, Christophe Rousset revient à l'Antigona de Tommaso Traetta (1727- 1779), qu'il avait révélée dans un somptueux enregistrement il y a trois ans (Decca, Classica n° 29), ressuscitant un drame lyrique peu joué au XXe siècle.

Qui fut ce Traetta, mort à Venise, mais napolitain de formation? Un grand voyageur : on le rencontre à Parme, à Vienne, à Mannheim, à Londres et à Saint Pétersbourg, où naquit, pour la cour de Catherine II, son Antigona inspirée de Sophocle (1772).

Qu'y trouve-t-on ? Des envolées mélodiques (presque) dignes de Mozart, des déplorations chorales surpassant Gluck et un jet de couleurs insufflant au drame une grandeur saisissante. Comme chez Gluck, la virtuosité soliste s'émousse au profit d'une ligne vocale continue, sous l'autorité d'un choeur omniprésent, et bien que le recitaévo secco ait toujours droit de cité, on sent combien cette Antigona prend ses distances avec la forme serin et inspire l'Idomeneo mozartien, partition cousine par la proximité stylistique née neuf ans plus tard (écoutez la prière d'Antigona " Non piangete i casi miei " à l'Acte III, conclue par le " Piangi, o Tebe " du choeur).

Pour cette création montpelliéraine, Rousset retrouve son Antigona du disque, la soprano Maria Bayo, dans une production d'Eric Vigner. L'équipe se produira au Théâtre du Châtelet en juin prochain