Webthéa.com · SEXTETT

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Un univers totalement disjoncté
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Critiques
Jean Chollet
2010
Webthéa.com
Langue: Français
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Jean Chollet

Cette nouvelle pièce de RÉMI DE VOS - auteur associé au CDDB de Lorient – s’inscrit dans la continuité du compagnonnage artistique engagé avec ÉRIC VIGNER, déjà metteur en scène de sa première pièce Débrayage, puis de Jusqu’à ce que la mort nous sépare (2006 -2007). Plus précisément, Sextett apparaît comme un prolongement de cette dernière dans l’évocation d’un nouveau deuil familial et de ses incidences, mais sous un tout autre aspect. On retrouve Simon quelques années après la mort de sa grand-mère, dans la maison de famille – pour laquelle ÉRIC VIGNER utilise logiquement le même décor. Cette fois, c’est le décès de sa mère qui justifie sa présence. En urgence, il a quitté l’agence dans laquelle il travaille sur un contrat important, accompagné de sa collègue, Claire, sensée l’assister dans cette épreuve. Soudain, surgissent deux voisines, Blanche et Jane - formant un couple singulier - venues s’excuser des dégâts causés dans le jardin par leur chienne Walkyrie. Mélomanes, elles insistent pour se faire pardonner d’interpréter en duo un lied de Schubert. Survient Sarah, première conquête de Simon, “lavée, récurée, prête à reluire”, bourrée de collagène et de latex, pour “baiser” avec lui. Entourant le mâle, ces femmes le provoquent pour susciter son désir. Même la chienne baveuse appelle la localisation des caresses. Échouant dans son projet de concevoir un enfant avec Claire, Simon se verra révéler ses origines et comment son père est devenu sa mère.

Dans l’ombre de la mort, DE VOS a créé un univers totalement disjoncté ou désirs, sexe, fantasmes ou transgressions nourrissent une comédie virevoltante propre à fournir une matière théâtrale dont ÉRIC VIGNER s’est emparé avec bonheur. Sa mise en scène exploite avec précision et originalité les ressorts de cette fantaisie, à laquelle il apporte une théâtralité de très belle facture avec inventivité et humour. Autour de Micha Lescot, une nouvelle fois magnifique, les cinq comédiennes sont au diapason et fournissent chacune dans leur registre des partitions épatantes. Maria de Medeiros (Jane), Jutta Johanna Weiss (Blanche), Johanna Nizard (Sarah) et les deux québécoises, Anne-Marie Cadieux (Claire) et Marie–France Lambert (Walkyrie, qui bénéficie d’un beau masque signé Erhard Stiefel ), contribuent ainsi largement au plaisir procuré par le spectacle.