L'Union · 22 novembre 2003 · SAVANNAH BAY (Comédie-Française)

L'Union · 22 novembre 2003 · SAVANNAH BAY (Comédie-Française)
Avec Catherine Samie, on est comme hors du temps.
Presse régionale
Critique
22 Nov 2003
L'Union
Langue: Français
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L'Union

22 novembre 2003

"Savannah Bay" au Théâtre du Muselet à Châlons

Le Théâtre du Muselet, à Châlons-en-Champagne, met au programme le mardi 25 et le mercredi 26 novembre Savannah Bay de Marguerite Duras.

C'est une histoire simple, la mort d'un enfant et la disparition de l'amour dans la mort. C'est un lever de souvenirs entre deux femmes : l'une, comédienne qui ne sait plus ; l'autre, la fille de sa fille, qui la conduit à se souvenir. "La salle a payé et on lui doit le spectacle. Tu es la comédienne de théâtre, la splendeur de l'âge du monde, son accomplissement, l'immensité de sa dernière délivrance. Tu as tout oublié sauf Savannah, Savannah Bay. Savannah Bay c'est toi." (extrait du prologue).

Éric Vigner choisit de rendre hommage à Marguerite Duras dans une savante déconstruction du mythe. De ces colliers de perles dont "la jeune femme" pare le cou de Madeleine, il fait des éléments de son décor. Aux échos Des mots d'amour, la chanson d'Édith Piaf qui ouvre le spectacle, il fait répondre des bribes d'India Song, mêle au spectacle des images filmées et n'oublie pas de citer la voix troublante d'Emmanuelle Riva dans un extrait d'Hiroshima mon amour.

Après Madeleine Renaud et Bulle Ogier, après Gisèle Casadesus et sa fille Martine Pascal, Éric Vigner convoque sur le plateau deux des plus grandes comédiennes de la Comédie-Française. Avec Catherine Samie, on est comme hors du temps. En apnée. Fasciné. Incapable de faire la part des choses, entre le jeu des mots, celui de Catherine Samie, entre son corps et la parole proférée. Comme si l'actrice et le verbe ne faisaient plus qu'un, en symbiose, suspendus dans l'espace. Chacun de ses mouvements provoque un sentiment d'irréel, d'impalpable, d'évanescent.