La Croix
22 mai 1995 · D. M.
Encore un "classique"? Sans doute, mais décapé et remis à neuf par une Comédie-Française qui l'avait délaissé pendant quelque trente ans. Dans l'atmosphère oppressante d'un Orient mythique, cette tragédie d'amour et de politique installée par Racine dans le sérail du sultan Amurat brille de tous les feux de la passion incandescente.
Sous l'effet de la mise en scène sans fioriture d'Éric Vgner, les vers se font entendre comme rarement, portés par des acteurs tout en lenteur grave et en souffles suspendus - Martine Chevallier, Isabelle Gardien, Jean Dautremay... ou Eric Ruf qui joue Bajazet. Si, parfois, le hiératisme des poses paraît un peu formel, les images sont fortes et preignantes. Une émotion intense et profonde s'empare du plateau comme de la salle. Emportant tout.