Le Monde · 18 décembre 2002 · SAVANNAH BAY

Le Monde · 18 décembre 2002 · SAVANNAH BAY
Un jeu miroitant où le présent devient le réceptacle du passé.
Presse nationale
Critique
18 Déc 2002
Le Monde
Langue: Français
Tous droits réservés

Le Monde 

18 décembre 2002 · SUPPLEMENT ADEN

Des visions : un rocher blanc qui brille dans le soleil, le corps bruni d'une adolescente trouant l'onde... Ce corps englouti sous l'eau avant de réapparaître, avant de vivre un intense moment d'amour. Avant de mourir par noyade.

Les images lointaines de cette adolescente ressurgissent dans l'esprit de la comédienne qui fut sa mère. Cette comédienne en fin de parcours (interprétée par Catherine Samie) revit ces moments douloureux en compagnie d'une femme plus jeune (Catherine Hiegel). C'est un exercice de mémoire qui relève de la cérémonie. Un long ressassement, fait de flux et de reflux.

Par la grâce d'une chanson d'Edith Piaf, le passé fait de nouveau irruption. Il s'agit de revivifier ce qui a eu lieu. Ces moments d'abord heureux puis tragiques, sous le soleil de ce qui fut l'Indochine. Des visions sépia, imprimées sur la plaque de la mémoire. Un jeu miroitant où le présent devient le réceptacle du passé.

Un rideau de perles sépare la scène dans sa longueur. Comme un voile qui ferait écran et brouillerait la vue. À un moment, le rideau tombe doucement au lieu de s'écarter. En touchant le sol, les perles font un bruit de pluie. Des notes de piano égrènent la musique d'India Song. En fond de scène apparaît le visage de Marguerite Duras. Comme si elle était soudain présente. Comme si elle était, elle aussi, un des personnages de la pièce.