Le Télégramme · 22 février 2013 · GUANTANAMO

Le Télégramme · 22 février 2013 · GUANTANAMO
Sans jamais vouloir gommer accents et personnalités, VIGNER a su les modeler pour en faire des jeux subtils, où la diction coule et danse de manière élégante, modulant son, respirations, ruptures, élans... Un travail d'orfèvre, classieux.
Presse régionale
Critique
Isabelle Nivet
22 Feb 2013
Le Télégramme
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Le Télégramme

22 février 2013 · ISABELLE NIVET


GUANTANAMO au Studio

Est-ce la grâce d'un texte, la force de ses jeunes acteurs ou l'association des deux ? Éric Vigner vient, avec Guantanamo, de passer à autre chose. Sans pour autant lâcher certains de ses fondamentaux — occupation de l'espace, chorégraphie des déplacements, vision plastique, costumes précis — le directeur du Théâtre de Lorient semble avoir trouvé une nouvelle vision de la direction d'acteurs. Plus sobre, plus fine, plus affûtée.

Un travail d'orfèvre
Avec ses académiciens, jeunes acteurs d'origine étrangère, le metteur en scène a construit un vocabulaire global, fait de langage corporel et de diction parfaite. Sans jamais, au contraire, vouloir gommer accents et personnalités, Vigner a su les modeler pour en faire des jeux subtils, où la diction coule et danse de manière élégante, modulant son, respirations, ruptures, élans... Un travail d'orfèvre, classieux.

Des mécaniques de précision
Les académiciens sont devenus, en trois ans, des mécaniques de précision, maîtrisant regards et postures : minuscules mouvements de main, de peau, de respiration, le corps parle. Sans doute Guantanamo y est-il pour beaucoup; adaptation clinique d'un texte qui ne l'est pas moins, retranscription d'interrogatoires de prisonniers soupçonnés de terrorisme par le gouvernement américain. Réécrites en langue poétique, ces litanies de questions s'articulent sur scène avec les Variations Goldberg de Bach, dont Frank Smith, l'auteur, a repris le principe d'écriture. Elégant comme un canif de Starck.