Vaucluse Matin · 13 juillet 2012 · La Faculté

Vaucluse Matin · 13 juillet 2012 · La Faculté
Rencontre avec Éric Vigner
Presse régionale
Avant-papier
Anne Camboulives
13 Jul 2012
Vaucluse Matin
Langue: Français
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Vaucluse Matin

13 Juillet 2012 · Anne CAMBOULIVES

Rencontre avec Éric Vigner · "Je n'avais jamais abordé ce type de théâtre."

Mobile comme la mer en Bretagne où il est né, où il r travaille (il dirige le Centre dramatique de Lorient), ÉRIC VIGNER a déjà participé deux fois au Festival d'Avignon. En 1996 avec Brancusi contre États-Unis et en 2006 avec Pluie d'été à Hiroshima. Cette fois il met en scène une pièce écrite par Christophe Honoré, artiste associé du CDDB de Lorient avec les jeunes acteurs de l'Académie qu'il a créée. Rencontre avec un étonnant voyageur qui cultive le désir d'ailleurs.

Il est question de mort dans la pièce que vous proposez. Vous fascine-t-elle ?

J'ai été très marqué par Suzanne, ma grand-mère maternelle, une femme un pèu excentrique, très libre. ) Quand j'étais pétit 5 ou 6 ans, elle m'emmenait tous les jours àvec elle au cimetière qui jouxtait le garage familial. Elle me racontait les histoires des morts. Ce n'était pas triste. C'est par elle que j'ai aimé le théâtre, qui est une autre façon de faire parler les morts. D'ailleurs, ça fait partie de la culture bretonne, nous ne sommes pas seuls autour de la table, il y a toujours les vivants et les morts. La mort est vécue comme expérience ultime, mais plutôt festive.

Comment est née La Faculté, écrite par Christophe Honoré ?

Avec Christophe ce fut une rencontre d'artistes et nous avons des points communs. Comme moi, il est Breton, a une fascination pour Corneille et admire Marguerite Duras ! J'ai été touché qu'il ait envie d'écrire pour l'Académie, c'est un cadeau. Il venait de terminer Homme au bain... Il ignorait tout du casting, savait juste que les acteurs, d'origine étrangère, seraient très jeunes. Il a écrit très librement. "Si ça te va tu la montes, sinon tant pis" m'a-t-il dit.

Et en la découvrant vous avez eu envie de la monter ?

Elle m'a fait peur, d'abord. C'est violent, une vraie tragédie contemporaine. Un jeune se fait assassiner parce qu'il aime, une mère renie son fils, on pleure! Je n'avais jamais abordé ce type de théâtre. Le défi était d'autant plus intéressant. Mais je me suis retrouvé complètement dans cette pièce. La cour du lycée Mistral, utilisée pour la 1ere fois par le Festival, est un lieu qui correspond idéalement au cadre dans lequel évoluent les personnages de la pièce. Pendant les répétitions il y a eu les résultats du bac, les élèves ramenaient leurs livres...

Parlez-nous de ces jeunes acteurs de l'Académie

Le projet de l'Académie s'étale sur trois ans et en trois étapes, transmission, recherche et production avec confrontation avec le public. Ils ont entre 20 et 30 ans et se sont vraiment approprié la pièce, qui les renvoie à leurs propres interrogations sur l'identité sexuelle, les conflits familiaux, leurs contradictions... Ces questions les agitent.

Comment avez-vous travaillé avec eux ?

Je ne procède pas différemment selon l'âge des acteurs, je travaille toujours de la même façon, j'adore répéter, je roule par terre, je crie, je joue... Mais bien sûr je n'ai pas à apprendre à Catherine Hiegel par exemple (rires) ce que j'ai d'abord dû leur transmettre. Ils ne connaissaient pas le théâtre classique, je leur ai apporté la culture.