Éric Vigner et la réalité du lieu investi · Journal du Théâtre de la Commune

Éric Vigner et la réalité du lieu investi · Journal du Théâtre de la Commune
"Jouer sur la verticalité, c'est une chose qui n'arrive jamais au théâtre".
Note d’intention & entretien
François Regnault
1990
Journal de la Commune
Langue: Français
Tous droits réservés

ÉRIC VIGNER a créé, avec sa compagnie Suzanne M., LA MAISON D’OS de ROLAND DUBILLARD.

"Il m'a fait connaître une des plus belles pièces carnavalesques modernes, dit François Regnault, montée par lui avec l'art si rare qui sait faire surgir toutes les inquiétudes possibles sur la servitude humaine à partir d'un geste, d'un gag, d'une chute, d'une drôlerie irrésistible et instantanée. Comme j'aimerais qu'il ose un jour monter Plaute ou Aristophane, qui attendent ce talent carnavalesque !"

LA MAISON D’OS fut un grand succès. C'était il y a un an, dans une usine désaffectée d'Issy-les-Moulineaux.

ÉRIC VIGNER dit: "Je voulais trouver une concordance entre la mise en scène plastique et le texte qui parlait tout le temps d'espace, de dedans et de dehors. Il me paraissait nécessaire de jouer sur la verticalité de la maison. Jouer sur la verticalité, c'est une chose qui n'arrive jamais au théâtre".

Et de fait, les spectateurs voyageaient dans la maison comme dans un corps. Le spectacle commençait au rez-de-chaussée, continuait dans les étages et finissait au grenier qui était comme la tête de ce corps. La maison était habitée par les acteurs mais finalement, par le lieu, par les lumières, les spectateurs devenaient eux aussi un personnage du spectacle, à certains moments voyeur mais, à d'autres moments, plus très à son aise.

ÉRIC VIGNER dit que, pour lui, le théâtre est lié à l'espace, et qu'il faut créer un nouveau rapport entre les spectateurs et ce qui se passe sur la scène. Il dit : "Aujourd'hui, il faut un nouveau théâtre". Il s'attaque aujourd'hui à la guerre.