Lorient, Mercredi 22- août 2001
Deux mains dessinent un murmure sourd, impossible à saisir par les oreilles, même en tendant le cou. Ces mains sculptent l'espace. Si je reconstitue un angle d'elles jusqu'à leurs épaules, si je complète l'image à partir de leurs mouvements, je me dis que quelqu'un - un homme - est couché sur le sol, dans l'ombre, entre le podium et la première rangée de sièges. Je n'entends pas très bien ce qu'il dit mais je vois très distinctement qu'il parle, et la nature de sa parole.
Jean-Damien est silencieux. Il dit son texte à mi-voix, allongé dans le couloir entre la première rangée de fauteuil et le podium.
Extrait des notes de Jutta :
CATHERINE BERTRAM - Des riens, des sentiments très fugitifs, le soir, à cette heure-ci surtout, des peurs de voir, de rencontrer, de... comprendre... (Comme si je décrivais l'acteur) ... Quoi ? (à Jean-Damien : Tu n'es pas d'accord avec ma description ?).
JOHN MARCHER - Vous habitez ici (est-ce que tu fais partie de ce théâtre ? Tu es l'actrice que tu décris là ?) ?
CATHERINE BERTRAM - Oui, (oui, j'invente une histoire, je fais ce que fait un acteur) la marquise est ma grand-tante...
JOHN MARCHER - Comme moi (oui je suis acteur, j'accepte de jouer).
CATHERINE BERTRAM - Oui, comme vous (accord de jeu, un acteur avec l'autre, on est pareil, histoire de double).