Montluçon Notre Ville · Mars 1995 · LA PLUIE D'ÉTÉ

Montluçon Notre Ville · Mars 1995 · LA PLUIE D'ÉTÉ
LA PLUIE D'ÉTÉ est le récit d'une initiation balisée par les livres.
Presse régionale
Critique
Mar 1995
Montluçon Notre Ville
Langue: Français
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Montluçon Notre Ville

Mars 1995

LE BAPTEME CULTUREL D'ERNESTO

L'écriture singulière de MARGUERITE DURAS demandait une mise en scène forte. C'est ce qu'a réussi Éric VIGNER et la compagnie Suzanne M.

"On apprend quand on veut apprendre", dit Ernesto dans LA PLUIE D'ÉTÉ, l'un des textes les plus forts de MARGUERITE DURAS. Vous pourrez le vérifier bientôt. Transposé au théâtre, le roman donne une pièce. Elle est jouée le 7 mars, au théâtre municipal, par six comédiens de la compagnie Suzanne M. dans une mise en scène ÉRIC VIGNER.

Dans cette adaptation, il relève plusieurs défis : garder la dimension de conte philosophique du texte, tout en faisant partager sa poésie, sa folie et sa drôlerie quotidienne. Histoire d'un apprentissage, en l'occurrence celui d'Ernesto, fils d'Italiens immigrés, LA PLUIE D'ÉTÉ est le récit d'une initiation balisée par les livres. Les acteurs, sortis du conservatoire en 1993, lisent le roman. De la salle ou sur scène, les comédiens portent le livre, puis le posent pour le jouer. Il résulte de ce travail, de cette mise en scène d'une rare compréhension, un miracle d'équilibre entre littérature et théâtre. Une plongée limpide dans la simple et belle langue d'un des grands écrivains français d'aujourd'hui.

L'histoire proprement dite est simple. Ernesto, dont on suit la progression de 12 à 20 ans, est fils d'immigrés. Il habite Vitry, en banlieue parisienne. Le jeune homme refuse d'aller à l'école. On ne lui apprend, selon ses propres mots, que "des choses que je ne sais pas". Génie au yeux perçants, il va bâtir sa culture seul, à la sortie des écoles, lycées et même des facultés de la capitale. Pour arriver où ? C'est le noeud du roman, donc de la pièce. Dans le texte, chaque phrase trouve sa résonance. Les personnages se dessinent par petites touches. On pense à une mise en parole du travail des peintres impressionnistes. Au fil du texte, le lecteur/spectateur devine la naïveté du père, beaucoup de sentiments, d'amour : entre les parents, entre Ernesto et sa mère, entre Ernesto et sa soeur Jeanne. Le roman devenu théâtre a gardé sa musique particulière, et toute sa désespérance contenue.