Extraits de nouvelles · Blaise Cendrars · LE RÉGIMENT DE SAMBRE-ET-MEUSE

Extraits de nouvelles · Blaise Cendrars · LE RÉGIMENT DE SAMBRE-ET-MEUSE
Extraits de Cendrars
Dramaturgie
Blaise Cendrars
Œuvres de Blaise Cendrars
Langue: Français
Tous droits réservés

"Le seul fait d'exister est un véritable bonheur"

Les poètes étrangers, CENDRARS et APOLLINAIRE particulièrement, se sentent une dette à l'égard de la France ; ils s'engagent ! On sait la suite de cette histoire lamentable : Cendrars perd un bras, la main droite - celle qui écrit, le jour même ou REMY DE GOURMONT meurt... Destin aussi absurde - mais lourd de signification dans son absurdité même - que celui d'APOLLINAIRE mourant sans, gloire de la grippe espagnole, peu avant l'armistice ! La guerre, la légion étrangère, l'horreur des tranchées, l'amputation du bras : on ne vit pas impunément semblable expérience. À partir de son retour du front, CENDRARS, qu'il le veuille ou non, ne pourra se défendre de porter sur le monde, sur lui-même et la littérature, le regard d'un "rescapé". Rien ne sera plus jamais comme auparavant. Je veux dire que cet homme qui a de justesse échappé à la mort et qui a vu beaucoup mourir autour de lui, aura toujours tendance à considérer avec un certain détachement tout ce qui arrivera désormais. Comme si rien n'était vraiment nécessaire, puisqu'il aurait fort bien pu, lui BLAISE CENDRARS, ne jamais connaître ces années qui lui sont accordées comme autant de sursis. Comme si tout avait été dit avant 1914, du temps de son intégrité physique et morale ; comme si la pensée, l'activité artistique, la création littéraire des plus jeunes, n'étaient qu'agitation vaine.

Il y a quelque chose d'extrêmement émouvant dans la contradiction de ces jeunes poètes pétris de culture disparate, nourris des livres les plus divers et "las de ce monde ancien" dont ils ne cessent de hanter les bibliothèques. Et leur gourmandise devant le monde réel, leur appétit pour les choses nouvelles, leur volonté de faire l'inventaire de ce qui existe - objets, peuples, pays - se traduit avant tout par un besoin fébrile de renouveler les thèmes et le langage poétiques.

"Je reste dans ma cabine
J'étouffe et j'écris j'écris
Pourquoi j'écris ?
Parce que..."

Feuilles de route

"J'ai le goût du risque. Je ne suis pas un homme de cabinet. Jamais je n'ai su résister à l'appel de l'inconnu. Ecrire est la chose la plus contraire à mon tempérament, et je souffre comme un damné de rester enfermé entre quatre murs et de noircir du papier, quand, dehors, la vie grouille, que j'entends la trompe des autos sur la route, le sifflet des locomotives, la sirène des paquebots... et que je songe à des pays perdus que je ne connais pas encore."
La Vie Dangereuse

"Les fautes d'orthographe et les coquilles font mon bonheur
Il y a des jours où j'en ferais exprès
C'est tricher
J'aime beaucoup les fautes de prononciation les hésitations de la langue et l'accent de tous les terroirs"

Coquilles

"Le langage est une chose qui m'a séduit. Le langage est une chose qui m'a perverti. Le langage est une chose qui m'a formé. Le langage est une chose qui m'a déformé. Voilà pourquoi je suis poète, probablement parce que je suis très sensible au langage - correct ou incorrect, je m'en bats l'oeil. J'ignore et je méprise la grammaire qui est au point mort, mais je suis un grand lecteur de dictionnaires et si mon orthographe n'est pas trop sûre, c'est que je suis trop attentif à la prononciation, cette idiosyncrasie de la langue vivante. A l'origine n'est pas le mot, mais la phrase, une modulation. Écoutez le chant des oiseaux !"
Blaise Cendrars vous parle