Froggy's Delight · 24 octobre 2009 · SEXTETT

Froggy's Delight · 24 octobre 2009 · SEXTETT
Une mise en scène virtuose à la manière Nouvelle Vague dans une contextualisation pop des années 70.
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Critiques
MM
24 Oct 2009
froggydelight.com
Langue: Français
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Froggy's Delight

24 octobre 2009 · MM

Dans Sextett, il y a sex. Voilà le nœud gordien pour Simon, jeune homme en pleine crise de déterminisme sexuel et de doute métaphysico-érotique, qui revient dans la maison de sa mère - lieu doublement investi - après l'enterrement de celle-ci tout juste défunte.

Après la perte de la figure de la mère, seul au monde dans un univers sans homme, Simon commence ce qui, au 19ème siècle, serait une éducation sentimentale en s'y trouvant confronté à la féminitude fantasmée, et/ou projetée, représentée par d'entreprenantes figures femelles jusqu'à l'espèce canine, une chienne bien-nommée Walkyrie.

Simon n'est pas un inconnu puisque Rémi De Vos, son géniteur dramatique, l'a créé pour un premier opus intitulé Jusqu’à ce que la mort nous sépare qui en faisait le héros d'une comédie loufoque dont l'intrigue, basée sur le comique de situation, consistait en une incroyable partie de cache-cache de l'urne contenant les cendres de sa grand-mère.

Dans ce deuxième épisode, écrit spécialement pour le comédien Micha Lescot qui était la révélation du premier, Rémi De Vos, dont l'écriture percutante jongle habilement avec la confusion originelle des sentiments et les codes du désir, opte pour un registre nettement plus noir, sans pour autant exclure une fantaisie débridée, que Éric Vigner, son complice et compagnon de route au Théâtre de Lorient, met en scène de manière virtuose à la manière Nouvelle Vague dans une contextualisation pop des années 70.

Dans un rôle-pivot sur mesure, Micha Lescot, corps longiligne qui se déplace comme s'il était monté sur roulements à billes et scansion atypique dépourvue d'affect qualifiée de "post-rohmerienne", réalise une composition brillante, symbiose parfaite du tragique et du désopilant.

Pour la partition féminine de cette composition à six voix, aucune fausse note avec Anne-Marie Cadieux en future épouse idéale, lisse et bien sous tous rapports, Maria de Medeiros et Jutta Johanna Weiss en remarquable duo lesbien de mélomanes gothiques et mortifères dont les prénoms ne sont pas seuls à rappeler protagonistes du film Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?, Johanna Nizard en chimérique poupée gonflable entre Barbarella fetish chic et orientalisme subliminal dont la burga serait un masque de latex, et Marie- France Lambert en animal pour le moins attachant.