Entretien avec Aurélien Patouillard et Laëtitia Dosch (comédiens) · DÉBRAYAGE (2007)

Entretien avec Aurélien Patouillard et Laëtitia Dosch (comédiens) · DÉBRAYAGE (2007)
Entretien avec des comédiens
Note d’intention & entretien
15 Jun 2007
CDDB-Théâtre de Lorient
Langue: Français
Tous droits réservés

ENTRETIEN AVEC DEUX COMÉDIENS : AURÉLIEN PATOUILLARD ET LAËTITIA DOSCH

Comment avez-vous rencontré ERIC VIGNER et dans quel cadre travaillez vous avec lui?

ÉRIC VIGNER est venu voir notre travail à l’école de la Manufacture à Lausanne alors que nous cherchions quelqu'un avec qui créer notre spectacle de sortie d’études. Il a vu notre travail en atelier, qui était très éloigné de son univers puisqu’il n’y avait pas du tout de texte. Il nous a parlé de ce qu’il faisait au théâtre. Suite à cette rencontre, il nous a proposé de travailler avec lui. Nous n’avons connu le titre de la pièce que plus tard.
Nous n’avons pas beaucoup exploré l’écriture contemporaine pendant notre formation. Pour ceux qui auraient préféré travailler sur un texte classique, ils retrouvent dans l’écriture de RÉMI DE VOS et dans le texte DÉBRAYAGE, la précision, le rythme et la nécessité de respecter une partition, qui sont caractéristiques des textes classiques.
Nous avons presque trois périodes de travail avec ÉRIC. En ce moment, nous sommes sur Lorient pour deux semaines. Ensuite nous retournons à Lausanne afin de préparer la présentation de l’atelier de sortie de notre promotion. Fin septembre, nous reprendrons les répétitions à Lorient pour véritablement créer le spectacle qui sera joué en octobre au CDDB.
Nous avons travaillé sur des spectacles chaque année et puis nous sommes partis en tournée ce qui est un peu particulier pour une école d’art dramatique. Il s’agit de co-production entre la France et la Suisse. Nous avons donc déjà vécu des temps de création à Marseille et à Poitiers.

Comment se passe le travail avec ÉRIC VIGNER ?

Nous avons commencé à travailler à Lausanne il y a presque sept semaines. Nous n’avons eu la pièce qu’au dernier moment donc nous n’avons pas pu travailler seuls en amont.
La première semaine était dévouée à des lectures à la table. Nous avons cherché à rencontrer les mots au-delà des apparences. C’était très compliqué car RÉMI DE VOS a une écriture très parlée, très quotidienne. DÉBRAYAGE est une pièce accessible, avec une écriture simple, mais sa forme est très exigeante et demande que l’on s’immerge dans un univers poétique singulier. ÉRIC nous a poussé à chercher un autre sens aux mots que celui que l’on entend tous les jours. Cette semaine de lectures a permis à ÉRIC de faire la distribution selon nos voix et notre musicalité. La distribution est faite assez équitablement. Nous sommes dans le cadre de l’école, encore protégés du monde professionnel. Il faut que tout le monde ait quelque chose à défendre.
Lors de la deuxième semaine, nous avons travaillé de façon plus autonome. Nous avons fait des propositions, des improvisations. Ensuite, il s’agit de fixer et de retrouver les choses à chaque fois.
Nous avons commencé à jouer avec des perruques dès la deuxième semaine, ce qui a donné une ambiance surréaliste. Le travail du texte et l’esthétique sont très liés.

... Et avec le reste de l'équipe?

Nous avons rapidement rencontré les techniciens. C’est agréable parce que l’ensemble de l’équipe de création vit avec nous. Cela signifie pour nous que nous ne sommes pas figés sur le plateau ; la lumière continue de s’adapter à nos différents déplacements, l’univers sonore peut s’adapter aux changements de tons d’une scène… Nous avons le temps, nous pouvons faire des essais. C’est très confortable.

Comment s'est passée la rencontre avec RÉMI DE VOS ?

C’est toujours difficile de s’imaginer un écrivain, sa façon d’être, de s’exprimer. Dans le cas de DÉBAYAGE, c’était sa vision de ce texte joué qui nous questionnait. Était-il en accord avec la volonté de créer un décalage ou pas ?

Comment appréhendez-vous le thème de DÉBRAYAGE ?

Nous avons déjà eu l’occasion de monter LA MÈRE de BRECHT, même si dans DÉBRAYAGE il s’agit aussi de situations de crise, de critiques de la société, ÉRIC VIGNER a voulu traiter cette dénonciation à travers un monde très poétique. L’enjeu de ce texte est de montrer à quel point la perte de travail entraîne la perte d’identité. Il est aussi question de la femme, du désir, des codes physiques au travail… Tout cela résonne pour nous. Dans notre vie professionnelle, en tant que comédiens, nous devons être désirés pour travailler et cela se retrouve un peu dans tous les métiers aujourd’hui. Il ne suffit plus d’être compétent.

Propos recueillis le jeudi 15 juin 2007, au CDDB-Théâtre de Lorient, Centre Dramatique National