LE BELVÉDÈRE
Trois personnes "travaillent" dans cet Hôtel du Belvédère, pension minable "située en bordure d'un village d'Europe centrale": Strasser, le patron, qui prétend sans y croire vraiment lui-même à un passé de vedette de cinéma; Max, le serveur, ex-affichiste promis à un brillant avenir; et Karl, le chauffeur, au passé judiciaire plus ou moins avoué, mais qu'on devine encombrant. Tous trois tuent le temps en s'accouplant avec la seule cliente de l'hôtel, une baronne vieillissante, nymphomane, sadique et alcoolique: Ada von Stetten. Plusieurs personnages interviennent et bousculent les règles du jeu de cette petite société. Dans le huis clos de cet hôtel désert, la vie s'invente au jour le jour puisqu'elle ne doit s'adapter à aucune nécessité extérieure. Politique de l'autruche dans une Allemagne entre deux guerres: pour ne pas voir le "formidable délabrement, cet effondrement qui menace", les uns et les autres se jettent dans le plaisir et la satisfaction immédiate des désirs, comme on se jetterait à la mer.
"LE BELVÉDÈRE est une pièce sur la représentation, le mensonge et la perte d'identité. Au-delà de l'anecdote, HORVATH pointe cette facilité avec laquelle le plausible, le vraisemblable et le faux-semblant recouvrent subrepticement le réel d'une couche de vernis brillant et protecteur. Cette mince couche qui sépare fiction et réalité, cette frénésie de sensations et ce lieu clos, dans lequel s'isole volontairement une petite communauté, ne sont pas sans rappeler ces émissions de télé-réalité qui envahissent nos écrans depuis quelques années. Notre époque a malheureusement fait un pas vers la confusion et la perversité, mais il est intéressant d'explorer les correspondances avec cette pièce et prendre la mesure des trois-quarts de siècle qui séparent son écriture de son actuelle représentation. À la différence de la télévision, et en particulier des émissions auxquelles je faisais allusion plus haut, le théâtre permet de prendre une distance et de re-présenter pour tenter de comprendre. De la même manière qu'une reconstitution policière tente d'élucider une affaire criminelle en re-jouant la scène. De la même manière aussi qu'Hamlet passe par le théâtre pour démasquer la vérité et piéger son père, HORVATH se sert de la comédie pour traquer le tragique dans la nature humaine."
JACQUES VINCEY
"Toutes mes pièces sont des tragédies... Elles ne deviennent comiques que parce qu'elles sont étrangement inquiétantes. Il faut faire exister cette inquiétante étrangeté."
ÖDÖN VON HORVÁTH
Générique
- Alexandre Meyer
- Bernard Kreiss
- Claire Risterucci
- Guillaume Durieux
- Hélène Alexandridis
- Henri Christophe
- Jacques Verzier
- Jacques Vincey
- Jeanne Herry
- M/M (Paris)
- Marie-Christine Soma
- Ödön von Horvath
- Olivier Rabourdin
- Paillette
- Pascale Stih
- Philippe Avy
- Philippe Smith
- Shariff Andoura
- Véronique Caye
- Français
- CDDB
- Création
- L'Arche Éditeur
- Théâtre
- Théâtre
- CDDB-Théâtre de Lorient · CDN
- Compagnie Sirènes
- D.S.N. · Dieppe Scène Nationale
- L'Hexagone · Scène nationale de Meylan
- Région Haute Normandie · Théâtre en région
- Théâtre des 2 Rives · CDN de Haute-Normandie · Rouen
- Théâtre Dijon Bourgogne · CDN
- Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
- DRAC Île-de-France · Ministère de la culture et de la communication