DANS SEXTETT
Anne-Marie Cadieux, le fantasme d’un homme
4 janvier 2010 · Marie-Hélène Goulet
L’an dernier, on a proposé à Anne-Marie Cadieux de se lancer dans le projet de Sextett, une pièce qui l’a amenée à jouer pendant trois mois et demi dans l’Hexagone. Ravis de leur expérience, l’actrice et ses acolytes nous présenteront le fruit de leur labeur du 12 janvier au 6 février à l’Espace Go. Dire que la comédienne a pensé à décliner l’offre...
"Au début, j’avoue que je n’avais pas envie de partir trois mois. J’ai beaucoup de travail ici, et ce n’était pas nécessairement facile de me libérer. Je me suis lancée quand un ami acteur m’a dit: “Anne-Marie, c’est pour vivre ce genre d’aventures-là que nous avons choisi ce métier”", avoue-t-elle.
C’est ainsi que l’actrice, qui venait tout juste d’emménager dans son nouveau logis, a plié bagage pour partir vers Paris avec sa grande copine, Marie-France Lambert, l’automne dernier. "Ce n’est pas notre amitié à Marie-France et moi qui a fait en sorte que nous avons été choisies pour faire partie de la distribution de la pièce mais, pour moi, c’était une raison additionnelle de participer au projet. Là-bas, nous avons vécu l’expérience à deux. Nous vivions dans le même appartement et nous formions un couple autant à la scène qu’à la ville. Nous étions d’ailleurs dans la même loge jusqu’à ce qu’on demande finalement d’en avoir chacune une", raconte Anne-Marie, qui ajoute en riant que, heureusement, leur amitié a survécu à l’aventure.
Entre fantasme et réalité
Le projet de Sextett est une commande faite à l’auteur Rémi De Vos; on lui avait demandé d’écrire une pièce sous le thème "désir et musique". La pièce raconte l’histoire de Simon, un jeune agent publicitaire qui doit vider la maison de sa mère à la suite de la mort de celle-ci. Dans la demeure familiale, l’homme pense au désir qu’il ressent pour cinq femmes qui gravitent autour de lui. "Nous sommes entre le fantasme et la réalité, explique Anne-Marie. Mon personnage est la seule femme dont nous sommes sûrs qu’elle existe. C’est une collègue de travail assez naïve qui vient aider Simon et qui est amoureuse de lui." Bien que l’étiquette "comédie érotique" soit accolée à la création, la comédienne précise que l’œuvre suggère plus qu’elle ne montre. "C’est très pudique, comme pièce. Bien sûr, on parle de sexe et de désir, mais on le fait avec élégance et doigté. Le personnage principal est plutôt en quête de son orientation; il est ambivalent. Finalement, la scène la plus évocatrice a lieu avec une chienne. Personne ne se rincera l’œil en assistant à la pièce", résume-t-elle.
Très bien accueillie par la troupe, la Québécoise n’a que des bons mots pour les trois actrices européennes avec qui elle a travaillé soir après soir au théâtre du Rond-Point. Elle souligne égalment le travail incroyable du seul homme faisant partie de la distribution : Micha Lescot. "J’invite les gens à venir le voir, c’est un vrai régal que de le regarder jouer. C’est un gars très atypique, un grand échalas très mince, pour qui on pourrait facilement écrire des rôles sur mesure. Il est élégant et il bouge comme un dieu", s’émerveille sa collègue.
Elle et Marie-France pensent-elles s’occuper de leurs compagnons étrangers pendant leur séjour ici? "Nous devons surtout leur trouver des manteaux d’hiver. Ils ont très peur de geler! Il a d’abord fallu leur faire comprendre que, oui, nous sortions dehors l’hiver. Il y a en France un tel mythe autour du Montréal sous-terrain… Les gens pensent qu’en hiver nous vivons carrément sous terre. C’est devenu une grosse farce entre Marie-France et moi. Quand même, nous allons recevoir nos collègues du mieux qu’on peut, en respectant leurs désirs", affirme Anne-Marie.
La souffrance d’Hélène
Il faut dire qu’Anne-Marie a un horaire un peu trop chargé pour jouer les parfaites guides touristiques. C’est d’ailleurs moins de 24 heures après son arrivée à Montréal, en décembre, que l’interprète d’Hélène Bouchard dans Yamaska s’est retrouvée sur le plateau de la série. "Ç’a été un retour brutal car j’étais en plein décalage horaire. J’ai dû me mettre la tête une heure sous l’eau glacée pour me réveiller", se souvient-elle. La comédienne souligne à quel point l’équipe de tournage a été accommodante avec elle lorsqu’est survenu le projet de Sextett, et elle ajoute qu’elle a beaucoup de plaisir sur le plateau.
Ne voulant pas s’avancer trop sur l’intrigue, Anne-Marie affirme tout de même que son personnage sombrera toujours plus profondément dans l’alcool. "Il y aura des scènes où on la verra vraiment amochée. Ce ne sont pas des séquences faciles à tourner, mais ce sont celles qui m’intéressent le plus, en tant qu’actrice. C’est la double personnalité d’Hélène qui m’a incitée à accepter ce rôle. Elle souffre beaucoup", conclut-elle.