La Montagne
16 janvier 2013 · JACQUES TESTUD
Guantanamo, des questions pour s'en poser d'autres
Vertige des mots, mise en scène au cordeau, Guantanamo, donné hier soir aux Trois coquins, a permis aux sept jeunes acteurs de l'Académie de montrer leur aplomb et leur à propos.
Et de propos il est plus que question dans cette pièce tirée du livre de Frank Smith, adapté et mis en scène par Éric Vigner. Deuxième opus de sa trilogie, elle se fait l'écho pluriel d'interrogatoires consignés dans le camp de Guantanamo : "Nous allons vous poser quelques questions afin de mieux connaître votre histoire". La phrase se décline dans diverses langues, issues des origines des jeunes comédiens. Et c'est en fait un grand moment de questions-réponses : d'un côté, les Américains qui accusent, fouillent, débusquent ou essaient de le faire. De l'autre, les prisonniers qui nient, minimisent ou qui parfois s'embrouillent.
Tout n'est pas tout blanc d'un côté, ni tout noir de l'autre. Pas de manichéisme, mais la recherche de la vérité, d'une vérité. Sauf que chacun a ou veut avoir la sienne : "On essaye de me faire porter le chapeau alors que tout est faux", dit l'un quand l'autre l'accuse. On est pris dans un maelström de mots, de contre-attaques, de Dieu seul le sait. Le voyage est en huis clos. À Cuba. Comme le reflet d'un monde qui se crée au fur et à mesure que la peur s'installe. Serait-ce le futur?