Entretien · Marie Darrieussecq · ORDET

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Entretien avec MARIE DARRIEUSSECQ

Entretien réalisé par RAFAËLLE PIGNON dans PIÈCE (DÉ)MONTÉE n°49, éditions du SCEREN, juin 2008

Votre traduction de la pièce de l’auteur danois KAJ MUNK est une nouveauté dans votre démarche d’écriture, vous n’aviez encore jamais écrit pour le théâtre. Comment s’est fait votre rencontre avec le metteur en scène ARTHUR NAUZYCIEL ?

MARIE DARRIEUSSECQ: ARTHUR m’a contactée il y a deux ou trois ans et m’a proposé d’adapter cette pièce, dont la traduction avait beaucoup vieilli. Nous nous sommes bien entendu tout de suite. Nous sommes deux "rapides", nous aimons que les choses aillent vite, et nous nous comprenons en quelques mots parce que nous avons une vision artistique proche.

Écrivez-vous en prise directe avec le projet théâtral mené par le metteur en scène ou bien le temps de l’écriture et le travail du plateau sont-ils bien distincts ?

M.D.: Le temps de l’écriture est bien distinct, mais ARTHUR est intervenu à plusieurs étapes du texte : il m’a fait enlever tous les points d’exclamation ("ce n’est pas toi qui t’exclame, c’est l’acteur, s’il le faut"), nous avons d’un commun accord condensé certaines scènes. Mais je vais assister aux répétitions et je pense que là apparaîtront de nouveaux changements nécessaires, même s’ils seront sans doute mineurs. C’est dans la bouche des acteurs que le texte va enfin se faire vraiment entendre. Le théâtre n’est pas fait pour être lu, selon moi, la phrase théâtrale trouve son aboutissement en scène, et quand j’ai écrit je pensais à ça – c’est très différent du roman.

Votre écriture est jusqu’à présent essentiellement romanesque et intime. Qu’est-ce que cela implique pour vous d’écrire pour le théâtre et qui plus est de partir d’une oeuvre qui existe déjà, d’un auteur que le public connaît à travers le film que DREYER a réalisé ?

M.D.: ORDET a été une première étape très instructive pour moi. Jusque-là je pensais au théâtre mais je n’osais pas en écrire parce que je ne sais pas écrire les dialogues (il y en a très peu dans mes romans). En adaptant ORDET j’ai compris qu’un dialogue de théâtre n’a rien à voir avec un dialogue de roman. Une phrase pensée pour le théâtre doit pouvoir être dite, elle doit résister à la scène et y trouver sa justification : c’est-à-dire répondre à une exigence venue de la bouche d’un autre personnage ou venue de la scène elle-même, de la présence des corps. Beaucoup de phrases deviennent alors inutiles – les phrases "explicatives" par exemple, tout ce qui est psychologique, qui peut se résoudre en un geste, une lumière, un acte du metteur en scène, sans mots... Ce travail m’a libérée pour la suite : j’ai écrit ma première pièce dans la foulée de cette adaptation. ORDET signifie "la parole", et c’est une bonne façon de commencer au théâtre.

Comment s’appelle la pièce que vous avez écrite ?

M.D.: Ma première pièce s’appelle LE MUSÉE DE LA MER et sera mise en scène par ARTHUR NAUZYCIEL. C’est une pièce sur l’impossibilité de rester neutre. Il y a deux hommes, deux femmes, deux enfants, et une "chose" à mi-chemin entre la sirène, le fantôme et le lamantin.

Vos romans ont-ils été portés à la scène ?

M.D.: Certains de mes textes comme TRUISMES, NAISSANCE DES FANTÔMES, LE BÉBÉ ou PRÉCISIONS SUR LES VAGUES ont été adaptés au théâtre, mais pas par moi, et je ne les avais pas écrits en pensant au théâtre.

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Sujet: 
Entretien avec la traductrice
Date: 
Juin 2008
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Spectacle: 
ORDET

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Éric Vigner, CDDB