Libération · 13 avril 1993 · LE SOIR L'OBÉRIOU

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Presse nationale, Avant-papier

Libération 

13 avril 1993

Comme plusieurs de ses amis écrivains, c'est dans un hôpital psychiatrique qu'est mort en 1942 le Russe Daniil Harms. atteint d'un mal incurable: le génie réfractaire.

Cofondateur de l'OBERIOU (Association pour un art réel), véritable cénacle d'un art de gauche en butte aux critiques des écrivains prolétariens. Harms fut très vite dans le collimateur des censeurs: il ne publiera de son vivant que deux poèmes, excepté les livres pour enfants qui lui permettront de survivre, avant d'être arrêté et déclaré "malade" par le KGB.

Lors d'une des soirées explosives de l'OBERIOU en 1928, on donna Elizaviêta BaM, la première pièce de Harms, qui allait être ressuscitée en Pologne dans les années soixante et créée en Russie en 1988, l'année même où l'on publia un premier recueil de ses oeuvres qui, jusqu'alors, circulaient sous le manteau. Grâce à son traducteur Jean-Philippe Jaccard, un gros volume de ses écrits, dont bon nombre de saynètes et dialogues, est récemment paru en français chez Bourgois (584 pp., 190 F).

On comprend pourquoi le nom de Harms fut pour plusieurs générations un mot de passe. Il y a chez ce type — qui n'a jamais cessé d'écrire — un regard impitoyable, un sens de l'inachevé et un goût de l'absurde bref tout à fait extraordinaires. Nul doute que tout ou partie de cette ceuvre fera bientôt l'objet d'une mise en scène. On y reviendra alors plutôt deux fois qu'une.

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Sujet: 
Le génie réfractaire de DANIIL HARMS
Date: 
13 Avr 1993
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